Le Président de la Commission de l'Union Africaine, Moussa Faki, a évoqué la nécessité de revisiter l'accord cadre d'Addis Abeba pour l'adapter aux évolutions et ambitions des populations de la région. Il l'a fait savoir ce samedi 6 mai 2023 à Bujumbura, au Burundi, à l'occasion du 11e sommet du Mécanisme Régional de Suivi de l'accord Cadre d'Addis Abeba.
« Les tensions qui nous préoccupent aujourd'hui interpellent sur la pertinence et même l'adéquation de nos mécanismes de sécurité notamment l'accord cadre. Je suis d'avis que l'Union Africaine en étroite collaboration avec les institutions garantes et les pays signataires de l'accord cadre procèdent à une évaluation sans complaisance de sa mise en œuvre afin d'en renforcer l'efficacité pour relever les défis auxquels la région des grands lacs est confrontée. Dans cet esprit, je joins ma voix à cette décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union Africaine tant qu'il apparaît impératif d'évaluer ce qui a été fait mais surtout de l'adapter aux évolutions et à nos ambitions généreuses pour le peuple de la région. Je me remets donc à votre sagesse afin de préconiser les mesures idoines urgentes pour la réconciliation, la construction d'une confiance fraternelle pour la stabilisation durable de cette région », a dit le président de la Commission de l'Union Africaine dans son mot de circonstance avant d'aller à huit clos.
Ce 11e sommet se tient dans un climat de recherche de la paix et de la sécurité dans l'Est de la République Démocratique du Congo avec en toile de fond, la mise en œuvre de l'accord de Nairobi et la feuille de route de Luanda à travers notamment le cantonnement des éléments du M23 et le déploiement des forces régionales de la Communauté de l'Afrique de l'Est.
Plusieurs autres personnalités prennent part à ces assises à Bujumbura. Il s'agit notamment du SG de l'ONU Antonio Guterres, Moussa Faki président de la Commission de l'Union Africaine, Uhuru Kenyatta facilitateur désigné par l'EAC, le résident Sud-Africain Cyril Ramaphosa, Dr Philippe MPANGO, Vice Président Tanzanien et tant d'autres.
Le 24 février dernier, l’Accord-cadre d’Addis Abeba a totalisé 10 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales à savoir les Nations-Unies (ONU), l'Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région.
L’Accord-cadre d’Addis Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC mais son application comme il faut a toujours été un problème que ça soit du côté de la RDC que du côté de ses partenaires.
Dans le cadre de cet accord, l’État congolais s’était engagé à réformer en profondeur le secteur de la sécurité, à consolider l’autorité de l’État dans les provinces de l’Est du pays et à promouvoir la réforme des institutions du pays. Les pays de la région avaient souscrit à respecter la souveraineté et l’intégrité du pays et à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures, à ne pas tolérer ni fournir une assistance aux groupes armés, à renforcer la coopération régionale, à ne pas héberger ni fournir une protection à des personnes impliquées dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des actes de génocide ou des crimes d’agression et à faciliter l’administration de la justice grâce à la coopération judiciaire dans la région.
Quant à la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l’ONU s’engageait à rester saisi de l’importance d’un soutien à la stabilité à long terme de la RDC et de la région des Grands Lacs.
Clément MUAMBA