Cinéma : vainqueur du prix poulain de bronze documentaire au Fespaco, Fransix Tenda donne son regard sur le secteur culturel congolais

Le cover du film Kelasi
Le cover du film Kelasi

L’artiste visuel congolais, Fransix Tenda, a remporté depuis le 4 mars, le prix Poulain de bronze du meilleur documentaire court métrage, à la 28ème édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision d’Ouagadougou (FESPACO). Lui qui n’a pas physiquement participé à la projection de son film Kelasi, ni à la cérémonie de remise des prix, parce que vivant à Amsterdam, au Pays-Bas ; est intervenu sur ACTUALITÉ.CD. Il a commenté le prix obtenu mais également, a-t-il donné son regard par rapport au secteur culturel congolais.

Fransix est un ancien étudiant de l’académie des beaux-arts, où il a obtenu un diplôme en peinture. Œuvrant également dans l’art visuel, il s’est lancé dans le cinéma depuis peu. En 2020, le film titré « Kelasi », qui a remporté le prix de poulain de bronze au Fespaco, est à son tout premier. Il a empoché pour cela, 2 millions de FCFA (un peu plus de 3 000 $).

« Je ne conçois pas le cinéma comme un monde, plutôt comme un support d’expression. De la même manière que je peux présenter mes travaux de peinture ou mes vidéos d’animation dans un festival », a indiqué Fransix Tenda à ACTUALITÉ.CD

Il a bien utilisé ce support pour s’exprimer dans un contexte de Covid-19, au cours de l’année 2020. Confiné à Bruxelles alors qu’il devait retourner à Kinshasa, le réalisateur de Kelasi a travaillé pendant 5 mois d’affilée pour produire ce film d’animation, en lieu et place de flipper pendant cette période d’incertitude.

Le film n’a pourtant pas de rapport avec cette pandémie qui a endeuillé le monde. Fransix Teanda rend hommage à sa mère et à tous ceux qui enseignent. Elle est directrice d’école et femme de journaliste. Ce film de 10 minutes 36 secondes raconte aussi l’impact de la politique dans l’éducation, il part des années 60, passe par chaque régime politique de l’histoire de la RDC pour montrer comment l’éducation subit différentes influences politiques, économiques ou sociales.

Changer de paradigme culturel

Dans l’interview accordée à ACTUALITÉ.CD, Fransix a balayé un petit peu la situation du secteur culturel congolais. Il estime que dans toutes disciplines artistiques, il y a du talent mais qui n’est pas encadré comme il se doit. Et cela dans tout le pays.

« Selon moi, le Congo, c’est la mère de toutes les cultures. Par manque d’organisation, on pense que nous sommes les derniers. Si on nous donne seulement des moyens, on nous met dans les conditions qu’il faut, quel que soit le festival ou toute sorte d’organisation ; je pense qu’on va rafler des prix », a affirmé Fransix.

Il a ainsi appelé à un changement de paradigme dans le secteur culturel, surtout dans la collaboration avec les centres culturels étrangers installés en RDC.

« Il y a de l’engagement et de l’effort côté personnel. Mais il faut aussi changer de paradigme. L’histoire construite avant dit que pour faire une bonne exposition, il faut se rendre à l’Institut Français de Kinshasa ou au centre Wallonie-Bruxelles. C’est bien mais ces lieux-là doivent devenir nos partenaires. Mais ce n’est pas eux qui doivent décider de celui qui est artiste et qui ne l’est pas », a-t-il dit.

Fransix Tenda fait partie des initiateurs du projet KinArts Studio, à Kinshasa. Il estime que la collaboration avec les espaces culturels étrangers doit se faire d’égal à égal. Il veut plus d’indépendance dans la gestion des projets, du respect dans le travail et de la part de chaque partie.

Emmanuel Kuzamba