Dr Stéphane Hans est chargé de cours à la Faculté de médecine de l'Université catholique La Sanpietia à Goma, en RDC. Il est le médecin coordinateur du PEV au Nord-Kivu. Il explique pourquoi il est essentiel d'encourager les femmes enceintes et leurs enfants à se faire vacciner et à respecter leur calendrier de vaccination.
Quel est l'impact de la vaccination de routine au Nord-Kivu ?
La vaccination de routine se déroule bien dans la province du Nord-Kivu, les femmes et les enfants viennent se faire vacciner chaque semaine dans chaque aire de santé, et cela dépend de chaque programme mis en place dans chaque site et centre de santé où se déroulent les activités de vaccination.
Quels sont les enjeux et les défis pour le déploiement du vaccin dans les zones reculées et peu sécurisées ?
Les défis se situent à plusieurs niveaux. Il est nécessaire de créer une demande pour les vaccins et d'assurer leur disponibilité pour tous ceux qui le veulent, et quand ils le veulent.
Nous devons nous assurer que nous atteignons le dernier kilomètre de la province pour que toutes les femmes et tous les enfants aient accès au vaccin, parce que c’est leur droit. Mais nous sommes contraints par l’insécurité qui règne dans cinq zones de santé actuellement occupées par des mouvements rebelles qui ont provoqué d’importants mouvements de population y compris de nos vaccinateurs.
Quelles sont les conséquences pour les enfants qui n'ont pas été vaccinés ou qui ne respectent pas le calendrier vaccinal ?
Les conséquences sont importantes pour un enfant qui grandit et qui n'a pas achevé son calendrier de vaccination. Il court le risque d’être en contact avec des maladies, y compris des maladies évitables par la vaccination telles que la rougeole, le tétanos, la diarrhée, la coqueluche, etc.
Combien d'enfants ont été vaccinés ces dernières années dans la province ?
Nous vaccinons systématiquement les enfants de moins d'un an en routine. Nous avons vacciné les nourrissons survivants, soit 445 000 enfants en 2022, contre la tuberculose et d'autres maladies évitables par la vaccination. Nous avons également vacciné les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et environ 450 000 femmes contre le tétanos et la diphtérie au cours des consultations prénatales, afin qu'elles puissent donner naissance à des enfants protégés avant même qu’ils démarrent leur calendrier de vaccination.
Avez-vous identifié des enfants qui n’ont jamais reçu de vaccin (zéro dose) ?
Oui, nous avons encore des problèmes avec les enfants à zéro dose. Le problème est le dénominateur, c'est-à-dire que nous utilisons encore des populations estimées, ce qui signifie que nous avons une population flottante qui n'est pas encore sous contrôle. Nous avons environ 15 000 enfants non vaccinés, ce qui est énorme.
Nous activons la recherche active pour identifier et vacciner ces enfants, notamment ceux qui vivent dans les cinq zones de santé qui ne sont toujours pas accessibles pour des raisons de sécurité et sont toujours occupées par des groupes armés.
Le plaidoyer continue et dès que l'accalmie arrivera, nous organiserons une campagne de vaccination accélérée dans ces zones de santé.
Propos recueillis par Yves Ndjadi Lopongo, Responsable de communication de PATH-RDC détaché au PEV.