Macron aux Congolais: "Comment voulez-vous qu'il y ait une paix durable et de la confiance dans un pays quand la justice n'est pas passée? N'accusez pas la France de quelque chose qui dépend de vous" 

Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi à Kinshasa
Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi à Kinshasa

Le Président Français Emmanuel Macron refuse d'assumer la responsabilité de la France et de la Communauté internationale dans la détérioration de la situation sécuritaire dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. 

A propos du génocide oublié en cours en RDC, Macron dit etre pret de mettre en place une équipe d’historiens pour documenter les différents dames.

"La France est un allié de la République Démocratique du Congo et continuera de l'être, j'ai dit avec beaucoup de clarté comment nous voyons la situation aujourd'hui, condamnons toute forme de pillage, de balkanisation, de menace de la souveraineté de votre pays. Je suis prêt à ouvrir tous les dossiers de l'histoire, je l’ai fait avec le Rwanda. Si c'est le souhait du Président Tshisekedi, je suis totalement favorable à ce qu’il y ait une commission d'historiens qui puisse assigner les responsabilités aux uns et autres. Vous avez rappelé une page sombre de l'histoire de la région, la France a assumé d'ouvrir tous ces livres de la faire écrire par des historiens de manière totalement indépendante", a-t-il fait savoir lors d'une conférence de presse conjointe avec Félix Tshisekedi samedi 4 mars à Kinshasa.

Et d'ajouter :

"Je pense que vous avez fait un raccourci qui lui n'a rien d'historique ni de juste entre le rôle qu'a pu jouer la France et la situation dramatique que j'ai évoquée la guerre, la deuxième guerre avec les millions de morts dans votre pays dont je rappelle la gravité. Donc je récuse le raccourci que vous avez fait et la responsabilité qu'on pourrait assigner à la France parce que je suis pour la vérité mais toute la vérité, je ne suis pas pour prendre tous les fardeaux je sais prendre les miens. Donc oui pour une commission d'historiens pour faire ce travail".

Par ailleurs, Emmanuel Macron a noté que depuis le génocide au Rwanda qui a occasionné l'arrivée de plusieurs personnes réfugiées notamment armées en RDC, Kinshasa n'a pas su se mettre de l’ordre dans plusieurs secteurs de la vie nationale.

"Soyons clairs: quelle est la situation depuis 1994? Plusieurs pays de la sous région il n'y a pas qu'un, plusieurs sont rentrés dans votre pays et plusieurs groupes rebelles y ont prospéré captant d'ailleurs beaucoup de richesses mais il y a une économie qui devrait revenir à votre pays et depuis 1994, ce n'est pas la faute de la France, pardon de le dire aussi à des termes aussi crus, vous n'avez pas été capables de restaurer la souveraineté, ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays. C'est aussi une réalité, il ne faut pas chercher des coupables à l'extérieur", a lâché Macron. 

Et de poursuivre : "Ne demandez pas à la France, n'accusez pas la France de quelque chose qui dépend de vous, c'est une réalité aussi mais très clairement sur cette situation a pris un tour inacceptable"

Les processus de Luanda et de Nairobi ainsi que le dernier sommet d’Addis-Abeba sur la situation en RDC ont recommandé le cessez-le-feu sur le terrain et le retrait des rebelles des zones occupées. Un calendrier de l’EAC prévoyait le retrait des rebelles à partir du 28 février dernier. Mais rien n’est fait à ce jour. 

L'intégrité de la RDC est de plus en plus menacée par l'expansion des rebelles du M23 et l'activisme des groupes armés locaux et étrangers. La RDC continue d’accuser le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. L’appui du Rwanda aux rebelles du M23 est corroboré par des experts de l'ONU et plusieurs pays occidentaux, bien que Kigali s'en défende.

Plusieurs initiatives diplomatiques, infructueuses jusqu'à présent, ont été lancées, notamment par l'EAC, qui a créé une force régionale censée s'assurer du retrait du M23 des positions conquises depuis un an. Mais sur terrain, la situation ne s'améliore pas toujours, la rébellion poursuit son offensive.

Clément MUAMBA