Beni-Rougeole: les autorités lancent la riposte pour stopper l’épidémie qui a dépassé la barre 1000 cas dont 12 décès à Oicha

Prise en charge d'un enfant touché par la rougeole dans la zone de santé de Mulumba (Lomami)
Prise en charge d'un enfant touché par la rougeole dans la zone de santé de Mulumba (Lomami)

Une campagne de vaccination contre la rougeole est menée depuis lundi dernier dans la zone de santé d’Oicha, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Plus de 1000 cas de l’épidémie dont 12 décès ont été enregistrés. Les sites des déplacés sont beaucoup touchés par cette maladie. 30 000 doses de vaccin ont été envoyées dans la zone mais les autorités sanitaires locales éprouvent une insuffisance de vaccin disponible.

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L’équipe de vaccination fait face à un premier défi à l’hôpital général d’Oicha. Les noms et les âges des enfants sont parfois oubliés. Des parents sont des pygmés qui avaient fui leurs villages à cause des massacres et qui sont contrés de vivre aujourd’hui dans des sites bondés de déplacés. 

Le vaccin contre la rougeole semble être nouveau pour cette catégorie des bénéficiaires, mais l’ampleur de la maladie oblige les enfants à être vaccinés. 

« Nous avons enterré un membre de notre famille qui a succombé à cause de la rougeole. Nous ne voulons pas en perdre un autre, voilà pourquoi nous amenons les enfants à la vaccination. Nous sommes stupéfaits de faire vacciner nos enfants aujourd’hui car dans nos forêts, nous les pygmés on guérissait la rougeole avec les médicaments traditionnels, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », témoigne Apolina Kisuba.

La maladie a déjà fait 12 victimes dont 80 % sont des déplacés. Un nombre trop élevé des décès dû aussi à la malnutrition comme en témoigne Germain Madahi, infirmier traitant rencontré dans une salle d’isolement.

« Ceux qui sont en train de mourir sont des cas qui se présentent avec des complications, notamment des malnutris. La plupart sont des cas qui viennent des sites des déplacés, comme là la vie est presque médiocre. Ils n’ont rien alors ils tombent dans la malnutrition en contractant cette pathologie, ça se complique et finalement on est obligé de perdre les malades », note l’infirmier Germain Madahi.

C’est au moins 42 000 personnes qui doivent être vaccinées dans la zone mais seulement 30 000 doses de vaccin sont disponibles, un problème soulevé par le superviseur de l’activité préventive et surveillance épidémiologique dans l’aire de santé d’Oicha.

« Dans les 15 aires de santé où nous allons vacciner la population avoisine 42 650, vous voyez avec les 30 mille doses de vaccin il y a un gap. Ceux qui sont prioritaires c’est plus les enfants à partir de six mois jusqu’à 59 mois et qui sont plus touchés mais néanmoins il y a même ceux là qui ont huit ans, six ans, 40 ans qui attrapent aussi la maladie. C’est-à-dire depuis le bas âge ils n’ont jamais eu la rougeole et voilà à cause de l’épidémie ils sont en train d’attraper aussi la rougeole», déclare l’infirmier Kule Kyusa, responsable de la surveillance épidémiologique à Oicha.

En plus de l’insuffisance de vaccin contre la rougeole dans la zone, un autre défi reste l’activisme des combattants ADF pouvant aussi empêcher les autorités sanitaires de vacciner 2600 enfants dans la localité voisine de Kainama.

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Yassin Kombi