L’épidémie de rougeole frappe de plein fouet la zone de santé d’Oicha, en territoire de Beni dans la province du Nord-Kivu. Au moins 700 cas ont été notifiés depuis octobre dernier selon les autorités sanitaires. Les sites des déplacés sont aussi touchés par cette maladie qui a déjà fait jusque là six morts. L'hôpital général d’Oicha qui reçoit les malades est saturé, certains patients sont pris en charge en plein air. Le responsable de cet hôpital s’inquiète et alerte le gouvernement.
A l’entrée de l’hôpital général d’Oicha, les couloirs sont bondés de malades allongés à même le sol. Les salles d’hospitalisation sont saturées.
Helena Tamania , est allongée sur un lit vétuste arrangé dans le couloir, elle est prise en charge ici avec ses trois enfants.
« J’avais fui la guerre en provenance du village d’Otomabere, aujourd’hui moi et ma famille nous vivons dans un site des déplacés chez maman Theresi ici à Oicha. J’ai amené mes trois enfants à l’hôpital parce qu'ils sont souffrants, les infirmiers m’ont dit qu’ils sont atteints de la rougeole. Mes enfants n’avaient jamais attrapé cette maladie dans le passé, je suis inquiète parce qu'ils ne mangent pas aussi bien à part boire de la bouillie », explique Helena Tamania.
L’épidémie secoue l’agglomération d’Oicha. Une flambée dûe à la recrudescence des cas des tueries qui est à la base des déplacements des populations dans la zone. Bien avant cette épidémie, les déplacés recouraient aux tradipraticiens pour se soigner, témoigne Thérèsi Mariam, présidente des déplacés dans la cité d’Oicha.
«Nous assistons maintenant à plusieurs cas de rougeole ici dans le site dont les enfants. Et même les femmes sont aussi touchées. Nous ne savons pas l’origine de cette maladie. Que les autorités nous apportent un médicament efficace qui va vite nous guérir car dans nos villages d’origine la rougeole était traitée par de médicament traditionnel, mais maintenant c’est un peu difficile de la guérir de nous-mêmes car on a plus accès à nos forêts suite aux massacres dans nos villages », indique Thérèsi Mariam, trouvée dans le site de CECA Mission.
Les autorités sanitaires sont aussi débordées, elles tirent la sonnette d’alarme. Sans campagne de vaccination massive contre la rougeole, la situation pourrait être incontrôlable dans les prochaines heures. Docteur Jérôme Munyambethe est médecin directeur de l’hôpital général d’Oicha.
« La rougeole est en train de toucher beaucoup plus les personnes qui ne sont pas vaccinées. Et les déplacés se sont des personnes qui manquent beaucoup de vaccins, mais au-delà de cette exposition là nous avons parlé même de leur situation nutritionnelle qui est déplorable. Nous risquons d’assister à des contaminations chez des personnes qui ont déjà un problème immunitaire, et là ça devient vraiment grave. Nous avons besoin d’une campagne de vaccination d’urgence contre la rougeole, sinon, à l’allure où vont les choses le nombre des décès va augmenter ce qui ne sera bon pour notre population qui est déjà meurtrie par la guerre », déclare le médecin directeur Jérôme Munyambethe.
Selon Médecins sans frontière (MSF), il faudrait une couverture vaccinale de 95% avec deux doses par enfant et des campagnes de ratissage régulières.
Par ailleurs, les flambées récurrentes de rougeole en RDC sont dues notamment à des contraintes géographiques et sécuritaires. Dans certaines régions, les parents doivent parcourir de très longues distances pour atteindre une structure de santé.
Yassin Kombi