Human Rights Watch a pu déterminer avec précision les noms de 22 civils sommairement tués par le M23 à Kishishe le 29 novembre, dont 20 hommes et deux adolescents. L’ONG affirme, dans un rapport publié ce lundi, qu’elle a identifié 10 autres civils tués ce jour-là, par le biais de sources secondaires
Le gouvernement congolais soutient, pour sa part, que près de 300 personnes avaient été tuées à Kishishe, tandis que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) a déclaré que, d’après son enquête préliminaire, les rebelles du M23 avaient tué 131 civils
Ailleurs dans le territoire de Rutshuru, Human Rights Watch a confirmé les meurtres d’au moins 13 autres civils par le M23 en octobre et novembre
Concernant les efforts diplomatiques, « l’UA et ses pays membres devraient indiquer clairement au Rwanda, publiquement et en privé, que son soutien militaire continu au M23 pourrait impliquer le pays dans les abus commis par le M23 au titre de la responsabilité étatique, et que des responsables rwandais pourraient être reconnus complices des crimes de guerre du M23 », a déclaré Human Rights Watch.
L’ONG rappelle aussi que le conflit armé dans l’est de la RD Congo est soumis au droit international humanitaire, notamment à l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949, qui interdit les exécutions sommaires, le travail et le recrutement forcés, ainsi que d’autres abus.
« Les violations graves des lois de la guerre commises avec une intention criminelle constituent des crimes de guerre. La responsabilité pénale peut également s’appliquer à des individus qui ont tenté de commettre un crime de guerre, ou qui ont soutenu, facilité ou aidé la commission d’un crime de guerre. Les commandants et les dirigeants civils peuvent également être poursuivis pour crimes de guerre au titre de la responsabilité de commandement lorsqu’ils avaient connaissance ou auraient dû avoir connaissance de la commission de crimes de guerre et n’ont pas pris de mesures suffisantes pour les prévenir ou punir les responsables », dit-elle.
« Les États-Unis, l’UE, la France, le Royaume-Uni et d’autres pays devraient suspendre leur assistance militaire au Rwanda tant qu’il soutiendra le M23. L’UE devrait s’assurer que son assistance récemment allouée à la mission des forces de défense rwandaises dans le nord du Mozambique fait l’objet d’un suivi adéquat afin que l’UE ne contribue pas indirectement à des opérations militaires abusives dans l’est de la RD Congo », ajoute l’organisation.
Concernant le gouvernement congolais, "l’administration du président Félix Tshisekedi devrait remédier à la discrimination historique, aux conflits fonciers et coutumiers, et veiller à ce que justice soit rendue pour les abus du passé, a encore déclaré Human Rights Watch.