Augustin Kabuya s’attaque encore à l’Église catholique et l’accuse de vouloir pousser le régime à la faute pour se victimiser qualifiant "d’agitations" les propos de Mgr Fulgence Muteba 

Les évêques catholiques de l'assemblée épiscopale provinciale de Bukavu lors d'une célébration eucharistique à Butembo
Les évêques catholiques de l'assemblée épiscopale provinciale de Bukavu lors d'une célébration eucharistique à Butembo

Les critiques du président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et archevêque de Lubumbashi (Haut-Katanga), Fulgence Muteba Mugalu, au sujet du partenariat stratégique signé entre la République démocratique du Congo et les États-Unis, ont suscité la réaction de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS/Tshisekedi). Ce partenariat stratégique, précédemment appelé de "deal minier ", constitue l’une des composantes des accords de Washington, signés sous les auspices de l’administration Trump.

Alors que l’archevêque de Lubumbashi le qualifie de bradage des ressources naturelles du pays, estimant qu’il viserait uniquement à sauver un régime au détriment de l’avenir de toute une nation, Augustin Kabuya, secrétaire général du parti présidentiel, parle plutôt "d’agitations", estimant que les accords du 4 décembre ont mis à mal leur initiative (NDLR: Pacte Social). Selon lui, l’Église chercherait à jouer la carte de la victimisation en poussant le régime à la faute.

"Vous aviez suivi les différents discours développés par nos frères de l'Église catholique mais vous devez faire très attention, ils sont dans une démarche de pousser le régime à la faute, de se victimiser : de dire que voilà nous les prêtres catholiques, les évêques, nous sommes en danger et que le régime Tshisekedi est en train de nous traquer. Mais nous avons un Président très intelligent et très sage, il ne va pas tomber dans leur piège. Ils ont sillonné partout jusque chez Paul Kagame comme ils se sont rendus compte que  l'accord du 4 décembre 2025 a mis la croix sur leur démarche, c'est ça les agitations", a déclaré ce dimanche 28 décembre Augustin Kabuya lors d'une matinée politique organisée au siège du parti présidentiel. 

L’élu de la circonscription de Mont-Amba souligne que Félix Tshisekedi fait preuve de maîtrise de la situation et accuse une nouvelle fois l’Eglise d'être complice avec les “ennemis du pays”.

"Quand vous suivez leur discours, c'est un discours irresponsable mais je vais vous demander, il ne faut plus vous intéresser à eux. Nous avons des preuves, des preuves existent de leur collaboration avec Corneille Nangaa, ils n'ont même pas honte, eux pensent que le silence du Chef de l'État est un signe de faiblesse, non ! Je reviens du Congo Brazzaville, je n'ai vu aucun prêtre en train de parler ou s'implique dans la politique", a ajouté Kabuya.

Depuis la détérioration de la situation sécuritaire consécutive à la résurgence de la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, le parti présidentiel et l’Église catholique n'émettent pas sur la même longueur d’onde quant à la réponse à apporter à cette crise. L’Église catholique et l’Église du Christ au Congo (ECC) portent une initiative intitulée "Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs ". 

Selon les deux Églises, cette initiative vise à créer un cadre de dialogue inclusif afin d’instaurer une paix durable, de favoriser la réconciliation nationale et de renforcer la cohésion régionale après des décennies de conflits. Elle repose sur le respect mutuel et la justice sociale pour construire un avenir commun en harmonie. Elles estiment par ailleurs que les seuls processus de Washington et de Doha ne suffisent pas à résoudre la crise en RDC et dans la région des Grands Lacs.

Du côté du régime en place, la confiance à l’égard de cette initiative ne semble pas être totale, en dépit de la publication d’une feuille de route commune sur le dialogue national par la CENCO, l’ECC, la Plateforme des confessions religieuses du Congo ainsi que la Coalition interconfessionnelle pour la Nation (CIN), en collaboration avec les services de la Présidence de la République. Appelé à poser des actes d’État pour convoquer ce dialogue national à la suite de la publication de cette feuille de route, conçue pour appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis et le Qatar, le chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient sa position selon laquelle aucun dialogue ne peut se tenir en dehors de son initiative. 

Jusqu’à présent, et considérant que la crise actuelle est avant tout sécuritaire, le régime Tshisekedi continue de s’appuyer sur les processus de Washington, qui prennent en compte la crise entre Kinshasa et Kigali, ainsi que sur celui de Doha, consacré aux discussions entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23, en dépit de leurs faibles résultats sur le terrain.

Clément MUAMBA