RDC-Ituri : « La gestion de la province est partagée avec les groupes armés », proteste la société civile qui décrète des journées ville morte contre les tueries incessantes

Les déplacés de Djugu se dirigent vers Bunia/Ph ACTUALITE.CD

Les critiques ne cessent de s’accumuler ces derniers à l’endroit des autorités militaires de l’état de siège en Ituri où la situation sécuritaire s’est dégradée davantage notamment dans les territoires de Djugu et d’Irumu où les tueries se sont intensifiées. La société civile de l’Ituri a, en signe de protestation, décrété trois journées ville morte à dater de ce mercredi 18 janvier.

Cet avant-midi, les activités socio-économiques sont fermées à Bunia. Par exemple, le long du boulevard de Libération à Bunia, magasins, boutiques, stations-service ne fonctionnent pas, a constaté  le reporter d’ACTUALITE.CD. Ce, en dépit des menaces du maire policier de sceller les maisons de commerce qui ne vont pas ouvrir.

Dans les différents quartiers de la ville de Bunia, des dispositifs sécuritaires renforcés par les éléments des FARDC et PNC sont visibles.

« La gestion de la province est partagée avec les groupes armés »

Lors de l’annonce des journées ville morte, le coordonnateur de la société civile de l’Ituri, Dieudonné Lossa a déploré que la « gestion de la province soit partagée entre les autorités militaires et les groupes armés ».

« L'état de siège est dans l'impossibilité de restaurer l'autorité de l'Etat en Ituri, seulement la collecte des taxes et impôts constitue la préoccupation du pouvoir », a ajouté Dieudonné Lossa.

Bien avant, le président de l'Assemblée provinciale, Banga Tchombe avait également critiqué l'état de siège et le gouverneur militaire dont selon lui, «l’imposition de la paix n’est plus la mission, mais la recherche de l’argent».

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Dans ce contexte de « chaos », « la population se réserve le droit d'entamer les actions de grande envergure si l'état de siège reste passif face au carnage systématique de l'Ituri », a-t-il râlé.

La semaine dernière, la société civile a dressé un bilan de plus de 80 personnes tuées en moins de 10 jours par les groupes armés CODECO et Zaïre qui se sont érigés en maîtres dans la région. Les miliciens contrôlent aussi des carrières minières. Ils attaquent des civils y compris des déplacés.

Lors d’un point de presse le 5 janvier dernier, le gouverneur militaire, le lieutenant-général Johny Luboya avait indiqué que la plupart des militaires qui combattaient en Ituri ont été déployés au Nord-Kivu pour faire face à la rébellion du M23.

Freddy Upar, à Bunia