RDC: Après la reconnaissance par les USA du soutien du Rwanda au M23, il faut maintenant des sanctions (Tina Salama)

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Paul Kagame, Président du Rwanda

Robert Wood n’y est pas allé par le dos de la cuillère. Le Représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales au sein de la Mission des États-Unis auprès des Nations unies, a clairement évoqué le rôle du Rwanda dans la résurgence du M23. Prenant la parole mercredi au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la région des Grands Lacs, il a été ferme: « Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables de la RDC. Nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».

La première réaction congolaise est arrivée: « Les USA ont nommément cité le Rwanda, l'appelant à cesser d'apporter de l'aide au M23. C'est clair qu'enfin les USA reconnaissent ce que le chef de l'Etat a toujours dit, à savoir que notre pays est victime de l'agression rwandaise », a dit à ACTUALITE.CD Tina Salama, porte-parole de Félix Tshisekedi.

Et d’ajouter:

« Cette reconnaissance doit logiquement donné lieu à des sanctions du Conseil de sécurité contre le Rwanda, conformément à la charte des Nations unies. Et donc la diplomatie, privilégiée par le Président, permet, avec assez de patience, de détricoter le système d'insécurité dans l'Est de la RDC dont le Rwanda a une lourde part de responsabilité. Ceci doit maintenir en mobilisation le peuple congolais ».

Sur le terrain, selon les informations de ACTUALITE.CD, les combats entre les FARDC et le M23 se sont intensifiés ce jeudi 27 octobre dans la localité de Chumirwa, à 4 km de la RN2, près de Ntamugenga dans le territoire de Rutshuru. D'autres affrontements sont signalés du côté de Kibunge, sur des collines surplombant Kalengera. Des sources locales affirment que les combattant du M23 ont tenté de progresser et ainsi élargir leur champ d'action mais se sont heurtés à la garnison des FARDC. Des détonations d'armes lourdes et légères se font entendre dans la région, provoquant ainsi le déplacement massif des populations. Nombreux habitants des agglomérations de Kako et Rubare prennent la direction de Rutshuru centre et Kiwanja. 

Contexte 

Kinshasa attend beaucoup de la communauté internationale en général et du conseil de sécurité des Nations-unies en particulier. S’adressant à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier, Félix Tshisekedi avait décliné les attentes de son pays à savoir: rendre effectifs le retrait immédiat du M23 des localités occupées, le retour des déplacés congolais de ces localités à leurs domiciles et la cessation sans condition du soutien de l’armée rwandaise à ce groupe terroriste, selon l’esprit et la lettre de la feuille de route de Luanda convenue entre la RDC et le Rwanda, ainsi que des déclarations successives du Conseil de sécurité de l’ONU, du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, de la Communauté d’Afrique de l’Est, CAE, et de la Communauté pour le Développement de l’Afrique australe, SADC. Il avait également demandé que soient multipliées les pressions sur le Rwanda et le M23 dont les dirigeants sont, du reste, sous sanctions de l’ONU, et montrer plus de fermeté à leur égard, pour qu’ils respectent les positions prises par les organisations internationales précitées. Le dirigeant congolais avait également insisté pour que soient appuyés la poursuite du processus de paix de Nairobi, les discussions de Luanda RDC-Rwanda et le déploiement de la Force régionale de l’Afrique de l’Est dont le Statut et les Règles d’engagement avaient été signés le 8 septembre dernier à Kinshasa successivement par le Gouvernement congolais et le Secrétariat Général de la CAE, d’une part, et, d’autre part, par les FARDC et le commandement de cette Force.

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