Kasaï-Central : une Ongdh condamne la résurgence des discours à connotation tribale

1
Photo d'illustration

La Société Congolaise pour l'Etat de Droit, SCED, une organisation de défense des droits de l'homme active dans l'espace Kasaï tire, dans un communiqué, la sonnette d'alarme sur la résurgence des discours d'incitation à la haine tribale dans la province du Kasaï Central depuis la sortie jeudi dernier du gouvernement provincial.

Tout en condamnant les auteurs de ces discours, SCED rappelle que le Kasaï Central connaît une situation de paix assez fragile et que ces discours risquent de raviver les tensions et replonger la province dans les troubles

"depuis la publication du gouvernement  provincial le jeudi 23/6/2022, la Société Congolaise pour l'État de Droit assiste à une résurgence, dans les réseaux sociaux, d'une rhétorique très dangereuse qui frise véritablement l'incitation à la haine tribale alors que la province du Kasaï central ne s'est pas encore totalement remise de son passé douloureux et tumultueux qui avait compromis la paix", lit-on dans ce communiqué rendu public ce dimanche 26 juin 2022 à Kananga et signé par le directeur général de SCED l'ancien bâtonnier Dominique Kambala.

La SCED fonde sa crainte sur la déclaration de la communauté de Luiza, un de cinq territoires du Kasaï Central, "qui rappelle  notamment la logique de l'Unité Kasaïenne, un regroupement des ressortissants de l'ex Kasaï Occidental qui ne sont pas locuteurs de Tshiluba, évoque  l'existence d'un projet machiavélique et menace même le retrait du territoire de Luiza de la province du Kasaï central".

Pour la SCED, ces propos sont absolument inadmissibles dans un état de droit et dans une région post conflit:

"La SCED condamne fermement les auteurs de cette déclaration, les invite à la retenue et de s'abstenir d'invoquer des affiliations ethniques et de faire recours à un langage provocateur qui pourraient  conduire à la haine et à la violence."

Tout en  recommandant à ceux qui cherchent des postes politiques de s'abstenir d'instrumentaliser l'ethinicité ou toute manipulation qui sème la graine de la division, cette Ongdh rappelle que tout individu responsable d'incitation à la haine tribale est susceptible d' engager sa responsabilité pénale devant les instances judiciaires.

Pour mémoire, le nouveau gouverneur du Kasaï Central John Kabeya Shikayi a rendu publique jeudi dernier son équipe gouvernementale. Celle-ci est composée de 10 ministres dont 4 du territoire de Dibaya d'où est originaire le gouverneur. Le territoire de Luiza qui compte 6 députés provinciaux et ne s'est vu attribuer qu'un ministère alors que le territoire de Dibaya  avec trois députés provinciaux  a quatre ministres, certains ressortissants de Luiza sont mécontents et ont exprimé leur volonté de détacher leur territoire  du Kasaï Central et le rattacher à la province voisine de Lualaba.

Sosthène Kambidi à Kananga