L’opération militaire conjointe FARDC-UPDF a un lien avec la construction d’intérêt commun entre la RDC et l’Ouganda, révèle un rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et son partenaire de recherche Ebuteli.
Ce rapport renseigne que « pour que la construction de routes et l'intégration économique réussissent, une protection militaire est nécessaire ». Il explique aussi que « la chronologie des opérations et la construction de routes sont aussi liées : l'UPDF a officiellement lancé ses attaques contre les ADF le 30 novembre 2021 ; la construction routière a commencé quelques jours plus tard, le 3 décembre 2021, avec une cérémonie officielle impliquant les deux ministres respectifs, et au cours de laquelle le gouvernement congolais a officiellement « remis des sites cruciaux » à l'entreprise qui se charge des travaux.
Pour le contexte, la RDC et l’Ouganda sont liés par des accords devant aboutir à la construction et la modernisation de 1 182 kilomètres de réseau routier principal reliant les deux pays. Ce projet se déroule par étape. La première concerne 223 kilomètres de routes prioritaires pour un coût estimé à 335 millions USD. Trois parties se sont engagées à financer cette première étape. L’Ouganda et la RDC contribueraient à hauteur de 20% chacun et Dott Services, l’entreprise de mise en œuvre va couvrir les 60% restants (201 millions). Kampala a déjà autorisé le décaissement de 66 millions, alors que Kinshasa ne s’est toujours pas prononcé sur les premiers décaissements alors que le projet a été officiellement lancé en juin 2021 par Yoweri Museveni et Félix Tshisekedi.
L’Ouganda tient particulièrement à ces infrastructures qui sont stratégiques économiquement pour son pays surtout que depuis le 29 mars 2022, la RDC a officiellement adhéré Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC). Cette nouvelle donne permettra notamment aux Ougandais d’accroître leurs exportations vers la RDC. Le rapport du GEC et d’Ebuteli rappelle qu’en 2019, « les exportations formelles de l'Ouganda vers le Congo-Kinshasa représentaient 156 millions de dollars ; les exportations informelles étaient encore plus importantes, d'une valeur de 330 millions de dollars, dont la majorité étaient des biens industriels ». Ce qui fait de la RDC le plus grand marché d'exportation pour les exportations informelles ougandaises, représentant 62% de toutes les exportations informelles. Le poste frontière de Mpondwe, point de départ des nouvelles routes, est un point d'échange particulièrement important ».
Quand bien même le choix de Dott services aurait été fait par Kinshasa, selon le ministre ougandais des travaux publics et des transports, cette société aurait des liens avec la présidence ougandaise. Le rapport ajoute que « Dott Services a signé en décembre 2020 un contrat minier avec la société minière publique congolaise Sakima (Société Aurifère du Kivu et du Maniema), acquérant d'importants sites miniers de la province du Maniema ».
Contexte
L’accord de défense et de sécurité entre l'Ouganda et le Congo lançant l’opération conjointe FARDC-UPDF dans l’Est de la RDC a été signé le 9 décembre 2021. Dénommée Shujaa, l’opération a été prolongée le 1er juin 2022 en Ouganda. Coordonné par le Général-Major Bombele Lohola Camille qui est secondé par le Général-Major ougandais Kayanja Muhanga, Shujaa est à sa troisième phase. La fin de cette opération conjointe ne dépend que de la décision des présidents de deux pays, rapportent les sources militaires.
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