RDC-Loi électorale : "c'est un pas important, mais nous attendons l'effectivité", des réseaux des femmes réagissent

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

Le point focal du mouvement Rien Sans les Femmes (Rslf), les membres du Cadre de concertation de la femme congolaise (CAFCO), ainsi que la Coordonnatrice de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (Wilpf) se sont également exprimés au sujet du récent amendement apporté à la Loi électorale congolaise. Les organisations sont toutes formelles : le travail de plaidoyer doit se poursuivre afin de rendre réelle la prise en compte du genre dans les listes des partis. 

"Nous avons mené le plaidoyer par immersion au niveau de la Commission PAJ de l'assemblée nationale. Au début, nous avions proposé la contrainte. Que les listes soient rejetées en cas de non représentativité des femmes sur les listes des partis. Mais nous avons été confrontés à la résistance des députés. Ils ont avancé plusieurs raisons, le fait notamment qu'il leur soit difficile de présenter des listes paritaires dans certains coins du pays. En fin de compte, nous avons proposé une autre re formulation de l'alinéa 3 qui a finalement été adopté", dit Fifi Baka, de Rslf 

"C'est un pas important qui vient d'être franchi. Cet alinéa stipule clairement la prise en compte de la représentation féminine. Un élément nouveau dans la loi électorale," explique  Annie Matundu, qui avait également pris part au sit-in devant le palais du peuple.

Capitaliser même si cela ne rassure pas

2023 approche. Pour les organisations de défense des droits des femmes, une autre bataille commence, celle de la  mobilisation des femmes politiques. 

" Nous devons à présent travailler avec des femmes pour qu'elles puissent se démarquer et être alignées sur les listes des partis. Même si cet amendement ne nous rassure pas que nous aurons des listes paritaires, néanmoins les partis qui vont se conformer à cette résolution se verront récompensés. Si les députés présentent l'hypothèse de l'absence des femmes, nous devons de notre côté mobiliser celles qui sont présentes. Nous devons capitaliser cet exploit en travaillant davantage pour avoir des femmes engagées et obtenir les résultats escomptés dans le maximum des circonscriptions électorales pour pouvoir être alignées sur les listes" ajoute Fifi Baka. 

"Le risque est de se retrouver dans l'avenir face aux partis qui passent outre cet amendement. Nous avons vécu cette expérience avec la France où une amande à été imposée aux partis qui ne respectent pas la parité. Certains partis ont carrément accepté d'aller aux élections en payant cette amende (...). En RDC, certains partis peuvent aussi payer la caution et aller aux élections sans tenir compte de la parité", prévient Anny Matundu. 

Au CAFCO, on espère que les partis pourront améliorer la représentativité des femmes. " C'était une très bonne chose d'avoir la loi sur la parité. Mais jusqu'à ce jour, nous n'avons pas atteint cette parité. C'est aussi une bonne chose d'exempter de la caution les partis qui tiennent compte de la parité mais nous attendons l'effectivité", souligne Evelyne Mbata, membre de Cafco. 

Félicité Kanku ajoute qu'il y a beaucoup de choses dans la représentation féminine.Le 1% du seuil de représentativité devait également être modifié. Mais cela n'a pas été le cas (...) un pas a été franchi mais qui ne change rien en réalité". 

Par ailleurs, les défenseurs des droits des femmes soulignent que la lutte va se poursuivre au niveau de la Chambre haute du parlement afin que la Loi électorale soit conforme à la Constitution. 

Pour rappel en 2015, le mouvement RSLF (Rien Sans les Femmes) avait  lancé une pétition et collecté plus de 200.000 signatures pour réclamer l’ajout d’une clause stipulant que dans "dans un district comptant plus de deux sièges, un tiers des candidats figurant sur une liste devrait être de l'autre sexe". Malheureusement, les législateurs n'ont pas tenu compte de la pétition et la clause est restée inchangée, il n'y a  toujours pas de cadre légal rendant ce principe contraignant. 

En 2017, le mot paritaire a été supprimé dans la Loi, de sorte qu'une « représentation de la femme » est suffisante. L’article 13 stipule désormais que la non-représentation de la femme ne constitue pas un motif d'irrecevabilité d'une liste.

Prisca Lokale