RDC-loi électorale : « il appartient désormais aux femmes de capitaliser cette amélioration », Christelle Vuanga 

Photo/ Droits tiers
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Lors de la plénière du 02 juin dernier, un pas vers la parité a été franchi dans les réformes concernant la Loi électorale. Désormais, la liste qui aligne 50%de femmes dans une circonscription est exemptée du paiement de la caution. C’est l’aboutissement d’un plaidoyer mené par plusieurs organisations féminines ainsi que l’adoption d’une reformulation proposée par la commission Genre famille et Enfant de l’Assemblée Nationale. Christelle Vuanga fait le point.  

L’ordre du jour de la séance comportait deux points, à savoir examen et vote du projet de loi portant autorisation de la prorogation de l’état de siège sur une partie du territoire de la RDC ainsi que l’examen et vote de la proposition de loi modifiant et complétant la loi n°06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines municipales et locales telle que modifiée et complétée à ce jour.

Concernant cette proposition de loi, les délibérations de la représentation nationale devaient porter sur le texte élaboré par la commission Politique, administrative et juridique (PAJ) ainsi que le rapport y relatif. Cette modification arrive après un sit-in de 10 jours, des organisations de défense des droits des femmes et plusieurs plaidoyers notamment de l'ONU Femmes. Pour la présidente de la commission GFAE, cela a été fixé en avance dans les stratégies. 

« Pour bien mener le plaidoyer, nous avions décidé de créer une dynamique interne et externe. La partie interne était composée des parlementaires, présidents des caucus, présidents des commissions et les députés. La partie externe des organisations féminines, des ambassades (…) et je pense que toute la pression exercée à un certain niveau a aujourd’hui contribué à ce résultat », dit Christelle Vuanga

« Ma plus grande attente concerne la femme congolaise » 

Au niveau de la base, Christelle Vuanga appelle d’une part les femmes politiques à capitaliser cette évolution, et d’autres part les femmes électrices à voter pour des candidatures féminines. 

 « Nous avons réussi à obtenir ce qui n’a jamais existé dans la loi et dans l’histoire des partis politiques. Il appartient aux femmes congolaises de capitaliser cela. Qu’elles se présentent, qu’elles soient actives dans les partis politiques, qu’elles se battent réellement pour se retrouver sur les listes électorales. Il appartient également à d’autres femmes de voter pour des femmes pour ne pas jeter à l’eau tout le travail qui a été fait par nous, les organisations et les journalistes à tous les niveaux », souligne-t-elle.

  Pendant le plaidoyer pour la prise en compte du genre dans la loi électorale, certaines parlementaires ne sont nullement affirmées dans cette lutte. Ce qui constitue un regret pour Christelle Vuanga est en même temps ce qui la motive à poursuivre le combat pour les droits des femmes. 

« C’est dommage que pour des questions qui concernent en premier lieu les femmes, quelles que soient leurs tendances politiques, nous nous sommes retrouvées presque seules à nous battre face à l’Assemblée (…) Mais on ne se plaint pas. C’est la voie que nous avons choisie. Celle de faire respecter les droits humains et les droits des femmes en particulier. Nous avons été seule mais beaucoup d’autres femmes veulent bénéficier du résultat de ce travail », a-t-elle confié. 

Penser générations futures

« Le fait que ma proposition d’amendement ait été retenu, est le couronnement d’un grand travail. Souvent lorsque j’aborde les questions de droits des femmes, mes collègues sont taquins par rapport à ma position. Mais ils savent que c’est pour nos filles, nos petites filles, nos sœurs, nos épouses, nos tantes. C’est un sentiment de joie de savoir que cette résolution pourra être utile à plus d’une femme. Je suis heureuse de contribuer humblement à ce grand combat de la participation politique de la femme congolaise. J’espère que chaque génération pourra poursuivre et améliorer le combat ». 

Pour rappel 2015, le mouvement RSLF (Rien Sans les Femmes) a  lancé une pétition et collecté plus de 200.000 signatures pour réclamer l’ajout d’une clause stipulant que dans "dans un district comptant plus de deux sièges, un tiers des candidats figurant sur une liste devrait être de l'autre sexe". Malheureusement, les législateurs n'ont pas tenu compte de la pétition et la clause est restée inchangée et il n'y a  toujours pas de cadre légal rendant ce principe contraignant. 

En 2017, le mot paritaire a été supprimé dans la Loi, de sorte qu'une « représentation de la femme » est suffisante. L’article 13 stipule désormais que la non-représentation de la femme ne constitue pas un motif d'irrecevabilité d'une liste.

Prisca Lokale