RDC : l’UE déclare son soutien aux actions de démantèlement de l’économie de guerre et appelle les groupes armés à notamment s’engager de bonne foi dans le P-DDRCS

ACTUALITE.CD

Dans son discours en marge de la célébration de la journée de l'Europe, ce lundi 9 mai, l'ambassadeur de l'Union Européenne en RDC, Jean-Marc Châtaigner, a lancé un appel aux groupes armés à s'engager dans le programme de démobilisation, désarmement, relèvement communautaire et stabilisation annoncé par le gouvernement de la République Démocratique du Congo.

Il estime que comme en Ukraine, il faudra redoubler d'efforts pour rétablir la paix également en RDC. Il a condamné les violences exercées par tous les groupes armés et tous ceux qui les soutiennent à cesser avec cette manière de faire.

« Cette agression militaire non provoquée et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine ne doit pourtant pas nous faire oublier d’autres situations de guerre et de conflit. D’une certaine façon, elle nous oblige à redoubler d’efforts pour y ramener la paix, car on ne saurait admettre en relations internationales, pas plus que dans tout autre domaine, le principe d’un illégitime « deux poids deux mesures ». Dans ce sens évidemment, la crise dans l’Est de la RDC demeure pour nous tous un sujet d’attention majeure, une préoccupation quotidienne. L’Union européenne comprend et partage la souffrance des populations congolaises dont les droits les plus fondamentaux sont quotidiennement bafoués, à commencer par le droit à la vie et à la sécurité », a déclaré le numéro Un de l'Union Européenne en RDC dans son discours de circonstance.

Et d'ajouter :

« Elle (l'Union Européenne) condamne également avec la plus grande force les violences exercées par tous les groupes armés, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis contre les civils, les violations répétées du droit international humanitaire, l’utilisation du viol comme arme de guerre. Nous appelons les membres de ces groupes et ceux qui les soutiennent à immédiatement cesser leurs violences et à s’engager de bonne foi dans le programme de démobilisation, désarmement, relèvement communautaire et stabilisation proposé par les autorités congolaises. Nous soutenons les efforts indispensables de justice transitionnelle et de reconnaissance des droits des victimes, ainsi que les actions de démantèlement de l’économie de guerre et de lutte contre  l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises ».

Dans les provinces de l’est du pays, a-t-il rappelé, l'accès aux populations démunies demeure une préoccupation majeure. L'insécurité freine la réponse humanitaire et limite la protection des civils. La recrudescence des incidents de sécurité est particulièrement inquiétante.

« En 2021, près de 300 incidents sécuritaires affectant directement des agents humanitaires ou leurs biens ont été notifiés, 7 travailleurs humanitaires ont été tués. Face à cette situation et faute de travail d’enquête sur les attaques dont elle avait été victime, l’ONG Médecins sans Frontières a fermé en mars dernier deux de ses sites d’appui en Ituri. Plus de 5 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, ce qui fait de la  RDC le pays avec le plus grand nombre de  personnes déplacées sur le continent africain. En outre, le pays accueille plus de 500,000 réfugiés et demandeurs d’asile. L’insécurité alimentaire est tout aussi  inquiétante. 27 millions de Congolais sont actuellement confrontés à une insécurité alimentaire sévère et aiguë, ce qui constitue un bien triste record  mondial », a déploré le diplomate européen.

Et de recommander :

« Pour réduire les besoins humanitaires à long terme, il est donc crucial d’agir ensemble et de continuer à trouver des synergies entre acteurs de l’humanitaire, du développement et de la paix, à travers des approches innovantes. Nous devons accroître nos efforts autour de la mise en œuvre de ce que l’on appelle de façon un peu technocratique « le triple Nexus », c’est-à-dire mieux coordonner l’action humanitaire, développement et rétablissement de la paix ».

La partie Est de la RDC est en proie à l'insécurité depuis plus de 20 ans maintenant. Pour faire face à cette situation, Félix Tshisekedi et son gouvernement avaient décidé de proclamer l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Quelques mois après pour renforcer toujours la mesure, la mutualisation des forces avec l'armée ougandaise a été mise en place pour combattre les groupes armés notamment les ADF.

Une année après, des voix s'élèvent pour exiger la levée de mesure d'exception. Si pour certains cette mesure doit être maintenue encore ou requalifier, d'autres, par contre, estiment qu'il faut la lever tout simplement. Après avoir reçu le rapport d'évaluation du gouvernement, le Chef de l'État a annoncé la tenue avant la clôture de la session parlementaire en cours de la tenue d'une table ronde devant statuer sur l'avenir de cette mesure d'exception.

Clément MUAMBA