Le rapport de l'atelier sur la prévention et la répression des discours de haine et messages incitatifs à la violence et à l’hostilité a été présenté ce jeudi 24 mars 2022 à Kinshasa. C'est d'une initiative de l'ONU en partenariat avec le Gouvernement congolais et la société civile congolaise.
Les participants à l'atelier organisé en septembre dernier ont noté que les discours de la haine continuent de fleurir et engendrent des conséquences fâcheuses sur la sécurité, l’intégrité physique, voire la vie des citoyens congolais alors que la RDC s'apprête à affronter la période électorale.
Selon M. Jean-Pierre Ilbudo, Directeur pays de l'UNESCO en République démocratique du Congo, plus de 30 recommandations ont été formulées afin de lutter contre le discours de la haine.
Parmi les recommandations, on cite la nécessité pour l'État congolais de se doter d'une loi spécifique de lutte contre les discours de haine.
"Les participants ont donc recommandé que des dispositions soient prises pour qu'une loi spécifique contre les discours de haine et messages incitatifs à la violence soit votée en vue de renforcer la lutte contre les stéréotypes et la discrimination envers les individus et les communautés, tout en veillant cependant à ce que toute loi qui serait prise dans ce sens soit conforme aux normes et standards du droit international afin de préserver les libertés d'opinion, d'expression, d'association et de réunion pacifique", a expliqué M. Jean-Pierre Ilbudo, dans son discours.
Et d'ajouter:
"Dans cette perspective, le gouvernement devrait veiller au renforcement des capacités des parquets ainsi que des cours et tribunaux sur les questions des discours de haine pour une meilleure administration de la justice".
Un point a été également mis sur la réforme du système éducatif en faisant " de la lutte contre le discours de haine un axe important du système éducatif". Les participants ont aussi recommandé une vaste campagne d'éducation en faveur des médias.
Pour sa part, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Mme Bintou Keita a appelé le Gouvernement congolais à se saisir de ce rapport afin de mettre en pratique toutes les recommandations.
La Cheffe de la Mission onusienne en RDC a aussi affirmé la disponibilité de l'ONU à accompagner le pays dans la lutte contre le discours de haine en déferlant tout auteur de ces derniers devant la justice afin de répondre de ses actes.
"Je tiens à rappeler ici que les discours de haine et l’incitation à l’hostilité sont punies par la loi. C’est le lieu d’inviter les autorités à poursuivre les efforts pour lutter contre l’impunité de tels actes en traduisant leurs auteurs devant les juridictions, qu’ils se trouvent ou non sur le territoire congolais. Je réitère ici la disponibilité de la MONUSCO, des fonds et programmes des Nations Unies pour appuyer ces efforts.J’invite également les partis politiques, influenceurs, leaders religieux, artistes, citoyens ordinaires, hommes et femmes à s’engager contre les discours de haine et à se distancier de ceux qui profèrent de tels messages", a dit la Cheffe de la MONUSCO.
"Faire face aux discours de haine est une affaire de tous. Nous devons conjuguer nos efforts pour sensibiliser, éduquer, encadrer ou réprimer quand c’est nécessaire. La cohésion nationale, la paix et la sécurité de la République démocratique du Congo en dépendent", a-t-elle conclu.
Par la même occasion, Mme Bintou Keita a remis officiellement au Directeur du cabinet du ministre de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement un exemplaire du rapport.
Le représentant du ministère des droits humains, celui de la ministre près le Président de la République, le président du CSAC, des députés ainsi que des représentants des organisations de la société civile ont pris part à cette cérémonie de présentation du rapport de l'atelier sur les discours de haine.
Auguy Mudiayi