La Fondation Panzi a fait savoir par voie de communiqué sa satisfaction vis-à-vis du procès en audience foraine dans le dossier de meurtre de son agent, Anne-Marie Buhoro. Cependant, elle mentionne la nécessité de se mobiliser contre les violences conjugales et entamer une réforme du secteur de la sécurité.
« Au nom de la lutte que nous menons depuis longtemps pour l'avènement d'une justice équitable pour tous, nous saluons le jugement rendu le 11 février 2022 par le Tribunal Militaire de Garnison d'Uvira, condamnant Monsieur Saleh bin Saleh Jérémie à la peine capitale pour ce crime odieux », peut-on lire dans ce document, signé par le Dr Mukwege.
Saleh bin Saleh Jérémie était poursuivi en justice pour meurtre, non-respect des consignes, port illégal et dissipation des minutions. Il a été condamné à la servitude pénale à perpétuité, condamnation qui remplace la peine capitale selon le code pénal congolais. Le Tribunal a également reconnu la responsabilité de l'État congolais dans la commission de ce forfait, et l’a condamné « in solidum » ainsi que l'auteur des faits au paiement des dommages-intérêts à la famille de la victime.
« Rien ne pourra remplacer la vie de notre collaboratrice Anne-Marie Buhoro mais la condamnation de son bourreau à la peine la plus lourde envoie un message fort de la justice militaire : ceux qui ont la charge de protéger la population et le pays n'ont pas vocation à devenir une menace pour les civils et le port d'une arme à feu et d'un uniforme militaire ne donne à personne le droit d'arracher la vie à son semblable ».
La Fondation Panzi considère que cette affaire illustre non seulement la nécessité de se mobiliser contre les violences domestiques et conjugales mais démontre aussi l'impératif d'entamer une profonde réforme du secteur de la sécurité, notamment grâce à l'assainissement des forces de sécurité et de défense et à la mise en place de mécanismes de vérification des antécédents en matière de droits humains de ceux qui postulent dans les services publics.
Anne-Marie Buhoro est décédée dans la nuit du 28 au 29 janvier des suites des balles tirées par son époux après une dispute. Les audiences se sont tenues à Minova dans la province du Sud-Kivu durant 4 jours (du 8 au 11 février).
Prisca Lokale