RDC-Ouganda: déçu par l'arrêt de la CIJ, Dismas Kitenge compte poursuivre aux côtés des victimes la bataille pénale pour obtenir justice et réparation

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Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus se dit déçu par la somme de réparations prononcée par la Cour internationale de justice (CIJ) en faveur des victimes des crimes commis par l'armée Ougandaise dans l'est du Congo. 

Se confiant à ACTUALITE.CD à la suite de l'arrêt rendu ce mercredi 9 février à la Haye, cet activiste des droits humains qui combat depuis plus de 20 ans aux côtés des victimes indique que la somme de 325 millions de dollars américains prononcés comme dommages et intérêts n'est pas proportionnelle aux dégâts causés par l'armée ougandaise, notamment en termes des morts et des ressources naturelles pillées.

"Nous sommes déçus. Déception au nom des victimes qui ont attendu pendant longtemps ces mesures de réparations et qui ont espéré que la RDC va bénéficier des dommages et intérêts qui doivent être proportionnels aux dégâts causés par l'armée ougandaise au Congo pendant 5 ans de guerre. Le montant qui a été alloué est extrêmement faible. 325 millions ne représentent même pas une exploitation minière du genre or ou diamant que l'Ouganda avait exploité en RDC", indique Dismas Kitenge qui regrette que la RDC n'ait pas réuni suffisamment des preuves pour convaincre les juges, en dépit des missions effectuées sur terrain.

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" Une autre déception, c'est au niveau de l'État Congolais qui a accusé l'Ouganda devant la Cour internationale de justice il y a 20 ans. Il avait 20 ans pour préparer les mesures de réparations, les arguments qui doivent convaincre la Cour internationale de justice à accorder (les réparations justes,ndlr). Malheureusement on sent que la RDC n'a pas fait un dossier consistant, un dossier plein d'éléments de preuves. Ces arguments ont été rejetés et balayés par la CIJ. C'est une déception. La RDC n'a pas pris l'affaire au sérieux. Également les experts de la Cour dépêchés sur terrain n'ont pas fait des évaluations qui correspondent  aux réalités du terrain", regrette Dismas Kitenge. 

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Cet ancien vice-président de la Fédération internationale de droits de l'homme (FIDH) indique que les victimes vont poursuivre la bataille pénale sur la scène internationale en vue d'obtenir justice et réparation. "La CIJ n'a statué que sur les réparations. La Cour n'est pas une juridiction pénale pour condamner les personnes arrêtées. Ce qu'on va faire maintenant c'est la bataille sur le plan pénal. Il faut qu'on obtienne la création d'un tribunal pénal international. Ça peut être une juridiction mixte, ça peut-être un tribunal spécialisé qui va prendre en charge la poursuite et le jugement de tous ces criminels de guerre nationaux et étrangers qui ont commis ces crimes. Aussi, on peut recourir à la compétence universelle, donc recourir aux tribunaux pénaux étrangers qui peuvent poursuivre les auteurs de ces crimes qui ont été commis au Congo", indique-t-il.

Claude Sengenya