J’ai appris, terrifié, la semaine dernière, que près d’une quarantaine de soldats de nos forces armées, dont le colonel Ndume Baganyigabo, commandant du bataillon basé à Bukima, avaient perdu la vie au cours des violents affrontements avec des supposés M23, soutenus par des armées étrangères mieux identifiées. Ces vaillants soldats ont été enterrés, dans l’indifférence officielle, samedi dernier à Rumangabo. Les institutions de l’État sont restées muettes, comme s’il ne s’était rien passé d’aussi grave.
La nation aurait tort de ne pas porter le deuil, son deuil. Ses dirigeants auraient tort de ne pas manifester de l’émoi de tout un pays à travers ne fut-ce qu’un rituel républicain, pour marquer la fin de vie des soldats tués par l’ennemi. La mort des soldats au combat devra avoir un écho social et politique, et la solennité des prises de parole politiques en pareille circonstances ravive la mémoire des victimes et témoigne d’une empathie, d’un intérêt qui participent de la reconnaissance de leur sacrifice. L’histoire d’un peuple se construit et se consolide quand il sait rendre à chacun la place qu’il mérite dans la mémoire collective, afin que nul ne sente oublié.
Je rappelle à tous que l'hommage républicain aux soldats morts au combat est une nécessité institutionnelle et politique. Il s’agit d’un devoir d’État auquel personne, pour quelque raison que ce soit, ne peut se dérober. Il permet d'établir et de clarifier la relation entre l'armée et la politique, le lien entre l’armée et la Nation, tout comme le sens de l'engagement sous le drapeau, la fierté et la motivation pour chaque citoyen de s’engager.
J’en appelle solennellement au sens de responsabilité politique du Président de la République, Chef suprême des armées, pour que sous sa férule, la Nation ne puisse jeter en pâture, à l’ombre du silence et dans une obscure indifférence, la mémoire de plus précieux de nos frères fauchés par les canons ennemis. Ils ne méritent pas un tel traitement.
J’en appelle à notre conscience collective, pour qu’à travers le pays, l’étendard national soit en berne, et que les clairons retentissent en hommage aux 40 héros qui, dans la nuit noire du 23 au 24 janvier 2022, ont été surpris par la horde putride en expédition pour envahir notre pays et souiller la terre sacrée de nos aïeux.
J’en appelle enfin au sursaut patriotique le plus large et à l’unité nationale, en cette circonstance exceptionnelle, pour que soient mises de côté, les querelles byzantines et les activités ludiques qui mobilisent les institutions, et que d’une seule voix, sous la conduite du commandant suprême des forces armées, la RDC s’acquitte de son devoir de mémoire en hommage aux soldats tués par le M23, la semaine dernière.
Lubaya Claudel André, Député de la Circonscription de Kananga