Tribune
L’erreur est humaine. Mais persévérer dans l’erreur est diabolique, dit un célèbre adage. Après avoir consulté plusieurs documents sur le feuilleton de la suspension à titre preventif des mandataires de l'ex-Onatra, cette maxime correspond au drame que la Ministre d’Etat en charge du Portefeuille, Adèle Kahinda, fait subir au Directeur Général Adjoint de l’ex-Onatra, Gabin Lulendu.
La Ministre l’a d’abord suspendu « à titre préventif » le 15 juillet 2021, en invoquant les observations définitives de l’Inspection Générale des Finances (IGF) comme motif de suspension. Sauf qu’à la date de cette suspension préventive, l'IGF n'avait pas encore rendu ses conclusions sur le contrôle de gestion à l'ex-Onatra.
Ces conclusions n'ont été disponibles et transmises que 3 mois plus tard après la suspension, plus exactement le 8 octobre 2021.
La Ministre d’Etat a donc suspendu le Directeur Général Adjoint de l’ex-Onatra de manière irrégulière car sur base d'aucun soubassement.
Le plus choquant et révoltant dans cette affaire, c’est le fait que la Ministre maintienne sa décision de suspension après qu’elle ait pris connaissance de la Feuille d'observations définitives de l’IGF de 40 pages à laquelle on a eu accès et transmise à l'ex-Onatra le 08 octobre 2021. Après avoir consulté lesdites conclusions, il en ressort que le DGA Gabin Lulendu n'a aucunement été épinglé ou rendu responsable de multiples allégations de megestion y contenues.
Par contre, dans ses conclusions, les Inspecteurs de l'IGF ont retenu des faits de mauvaise gestion dans le chef du Président du Conseil d’Administration, du Directeur Général, quelques anciens DG et certains agents de l'ex ONATRA.
L’Etat de droit que le Président de la République Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo prône, voudrait qu il y ait des sanctions positives ou négatives selon que l'on est identifié comme responsable ou pas de la megestion par l'IGF. Dans le cas contraire, où se trouve la justice lors que l'on réserve le même sort indistinctement aussi bien aux personnes qui se sont bien comportées qu'à celles qui se sont mal conduites dans la gestion de la chose publique?
Or la Ministre du portefeuille a indistinctement engagé le retrait du mandat de tous les gestionnaires de l’ex-Onatra, ceux mis en cause et ceux dont la responsabilité n’a pas été dégagée.Cette décision est injustice, irrégulière et arbitraire, et surtout n’honore pas l’Etat de droit auquel le Président de la République est attaché.
En allant d'irrégularités en irrégularités, la Ministre d'Etat au Portefeuille ne doit pas s'attendre à voir le Président de la République signer l'Ordonnance de confirmation de retrait de mandat des Mandataires non mis en cause par les conclusions de L'IGF et ce, conformément à l'article 26 du Décret de 2013 portant statut des Mandataires du Portefeuille de l'Etat.
Me Lewis Kazadi (juriste)