RDC : plus de 7000 personnes mortes dans les attaques à Beni et Irumu entre 2008 et 2021, deux élus du Nord-Kivu exhortent le gouvernement à revoir sa stratégie pour mettre fin aux massacres à l'Est

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Le député national Tembos Yotama et le député provincial Mbenze Yotama, tous deux élus du Nord-Kivu ont appelé le gouvernement à revoir sa stratégie dans la lutte contre l'insécurité dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Pour ces élus, la partie Est de la République Démocratique du Congo continue à perdre ses fils et filles même pendant la période de l'état de siège.

Dans un rapport intitulé «YATOMA» présenté à la presse ce mardi 09 novembre 2021 à la presse sur les massacres à Beni et à Irumu, plus de 7404 personnes ont trouvé la mort dans les attaques qui ont eu lieu à Beni et Irumu entre 2008 et 2021. D'après ces deux élus, plus de 2237 attaques ont été enregistrées durant cette période dont plus de 696 entités ont été attaquées.

"5 mois avant et 5 mois après la proclamation de l'état de siège nous laisse voir que 502 personnes ont été égorgées pour la première période et 1302 pour la seconde période. La période de la proclamation de l'état de siège a connu plus des victimes que la période d'avant l'état de siège, non seulement les victimes d'après ont augmenté mais elles ont aussi doublé. D'aucuns pensent que l'état de siege a crée plus de malheur que la période d'avant. Plus des gens sont massacres et les restants sont condamnes a supporter la brutalité militaire. Visiblement la solution aux massacres de Beni et Irumu n'a rien à voir avec l'instauration de l'état de siège, le gouvernement, partant de la réalité sur terrain a vraiment tapé à côté. D'où la nécessité de chercher la solution ailleurs si vraiment il y a besoin de résoudre cette question. Plus de 1302 personnes ont péri pendant la période prise en considérations ou, par ailleurs on recense plus de 263 attaques. En faisant un calcul simple, on constate que pendant cette période, près de 2 attaques s'enregistrent quotidiennement et pendant ces attaques près de 9 personnes périssent par jour" a déploré l'élu de Butembo Tembos Yotama.

Et de poursuivre :

"À côté des vies humaines qui sont fauchées à chaque instant,il y a des véhicules qui sont systématiquement incendiés sur le tronçon Beni - Kasindi, Beni - Kisangani, Beni - Ituri, les voyageurs, les passagers sont incendiés, calcinés dans les véhicules donc le peuple de cette partie de la République ne sait plus à quel saint se vouer, quand ils arrivent dans les villages, ils rasent les villages, ils incendient les villages et donc dans ce rapport notre objectif est de porter haut les cris de détresse, les cris d'alarmes de ces pauvres citoyens congolais qui continuent à croire que le gouvernement congolais les a abandonnés et curieusement dans l'opinion, au niveau de Kinshasa, à l'Ouest du pays, on semble ne pas être sensible surtout ce qui se passe à l'Est, à Beni, à Irumu".

Le rapport Yotama axé sur les massacres de beni dans le Nord-Kivu et Irumu en Ituri a fait également des recommandations aux différentes instances de prise de décisions au niveau national tout comme au niveau international.

"Nous avons suggéré pas seulement à la communauté internationale mais également à la communauté régionale où alors à la communauté nationale ici nous voyons le gouvernement congolais à qui nous avons donné des suggestions, pas seulement de suggestions mais de bien vouloir accélérer les méthodes adéquates pour bien sécuriser les administrés ainsi que leurs biens parceque la sécurité est un droit corroboré à l'article 16 et 52 de la constitution, nous avons suggéré au gouvernement congolais de bien vouloir sécuriser la partie Est qui d'une manière ou d'une autre on ne sait plus si on a droit à la sécurité, d'une manière ou d'une autre on ne sait plus si on a droit à la vie. À la communauté d'une manière générale, nous avons lancé un appel pathétique de bien vouloir déclencher des enquêtes indépendantes qui viendront enfin identifier les vrais tueurs pour que ceux-ci répondent devant la loi conformément à la loi et qu'ils soient soumis à la rigueur de la loi, qu'ils répondent de leurs actes d'avoir tués les innocents pendant un temps, un long moment défois on se pose la question à quand va prendre fin ces hostilités. Nous avons exhorté à la communauté internationale, aussitôt déclencher les enquêtes internationales et indépendantes qu'on puisse créer aussi une Cour pénale internationale pour le Congo et de bien tabler sur l'indemnisation des familles des victimes et ce conformément à l'article 58 du Code civile congolais", a expliqué le député provincial Mbenze Yotama.

Pour eux, répondre favorablement à ces recommandations sera considérée comme un soulagement pour les mémoires des victimes mais aussi de leurs familles respectives.

"Nous avons estimé qu'en faisant celà, ça sera une façon pour nous d'essuyer les larmes des paisibles familles qui ne savent plus sur quel saint se vouer et qu'effectivement lorsque ces familles vont voir leurs cris être portés devant les juridictions internationales certes qu'elles peuvent être apaisées parcequil nous sera difficile de voir les leurs ressuscités avec ce que nous avons connu comme massacres injustes" a ajouté Mbenze Yotama.

Ce rapport, d'après ces élus du Nord-Kivu a été déjà déposé auprès de plusieurs décideurs du pays en commençant par la première institution du pays mais aussi des ambassades des pays partenaires à la République Démocratique du Congo en vue de se pencher sur des solutions idoines afin d'arrêter la spirale de violence dans la partie Est de la République Démocratique du Congo.

La situation sécuritaire s’est détériorée davantage dans les territoires de Beni et d’Irumu malgré l'état de siège en vigueur depuis le 6 mai dernier. Plus d’un millier de civils sont morts dans différentes attaques des combattants ADF dans la zone. Pour le gouvernement, la situation sécuritaire s’est améliorée au Nord-Kivu et en Ituri depuis l’avènement de l’état de siège. Cette mesure sera probablement encore prorogée pour la 12e fois après l’adoption par le gouvernement vendredi du projet de loi y afférent.

Clément MUAMBA