A l’occasion de la célébration ce mardi 28 septembre de la journée internationale de l’accès universel à l'information, ACTUALITE.CD a organisé un “news forum” autour de la proposition de loi sur l'accès à l'information publique en RDC. La matinée était placée sous le thème « Comment l’accès à l’information publique peut-il consolider l’Etat de droit et la bonne gouvernance ? ».
Un panel de trois professeurs a exposé et répondu aux questions d’une assistance composée notamment des journalistes et des acteurs de la société civile. Professeur émérite Jean-Chrétien Ekambo de l’Institut Facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), professeur Jacques Djoli de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et député national ainsi que Tharcisse Kasongo Mwema Yamba yamba, porte-parole du chef de l’Etat, ont navigué entre la théorie, les principes et les exemples concrets.
Intervenant en tant que législateur, le député national Jacques Djoli a martelé sur les différents modes d’accès à l’information publique. Il a fait également savoir que la base du sous-développement avancé constaté en RDC est notamment due à l'opacité créée par le non-accès et la non-transparence de l'ensemble de l'action de l'Etat.
« Nous avons deux aspects pour accéder à l'information publique : le passif et l'actif. Tout agent public dans son comportement, dans le sens même de son service, doit savoir qu'il doit rendre compte. S'il ne rend pas compte, c'est au journaliste d'accéder à l'information publique parce que la société fonctionne autour de la fluidité de la circulation de l'information. C'est un droit pour le citoyen d'être informé de la conduite de la cité parce que nous exerçons ce pouvoir au nom de ce mandat reçu de la population. Donc nous avons l'obligation de rendre compte. Tout acteur politique doit savoir qu'il a l'obligation de rendre compte. Nous avons parlé des limites à la vie privée, de l'information stratégique, de l’information d'intérêt économique majeure, mais il faut savoir que la base de notre sous-développement avancé, c'est l'opacité créée dans le non-accès, dans la non-transparence de l'ensemble de l'action de l'Etat, y compris en matière de l'exploitation des ressources minérales naturelles et d'autres allocations des ressources », a déclaré ce député national et enseignant en droit constitutionnel.
Pour sa part, le professeur émérite Jean-Chretien Ekambo, en sa qualité de communicologue, est revenu sur l'aspect historique du concept d'information.
« L'information publique me semble être un mot valise, il n'a pas d'indicateur universel reconnu par tous, et pourtant gérer de manière pérenne. Mais dans les sciences de l'information, dans son point de vue historique (histoire de l'information), l'information n'est que publique depuis de nombreux siècles. Au moyen-âge, les scribes étaient ceux qui mettaient sur papier ce qu'ils ont palpé. Mais après, les écrivains dans de nombreuses années, ont commencé à apporter au public des connaissances provenant de leur propre imagination parce qu'ils étaient des écrivains de l'art, ils devraient être inspirés par une muse (...). L'accès à l'information publique, c'est un droit humain fondamental et la base du développement social. Le plus grand problème, c’est d'avoir accès aux données administratives, ce qui signifie la transparence de la gestion sociale », a-t-il fait savoir.
Le professeur Kasongo Mwema, porte-parole du président de la République a, quant à lui, insisté d’abord sur le rôle du journaliste dans son travail d’informer le public et ensuite celui du gouvernement, qui a pour devoir de rendre compte au public son action.
« Cette question de bonne gouvernance, en ce qui concerne l'accès à l'information publique, il y a un sociologue qui avait réfléchi et avait dit une phrase que j'avais retenue depuis : bien informé les hommes sont des citoyens, mal informé les hommes sont des sujets. Être un citoyen, c'est être capable de mettre en jugement éclairé ce qui se passe dans ton entourage ou dans le monde. Aujourd'hui lorsque nous lisons, nous écoutons et nous regardons, nous avons l'impression que le journaliste fait actuellement son travail à moitié . Il faut qu'il prenne conscience de l'importance de son travail. Lorsque vous donnez une bonne information, une information complète, vous donnez une grande liberté d'action au citoyen. Le citoyen a le droit de s'exprimer et les gouvernements ont le devoir de rendre compte de ce que désire la population, l'accès à l'information permet un droit de regard de la gestion de ceux qui nous dirigent », a dit Kasongo Mwema.
La RDC attend toujours se doter d’un outil juridique garantissant l’accès à l’information publique. Une proposition de loi portée par le député Moïse Nyarugabo a été déposée à l'Assemblée nationale. Elle a été programmée pour cette session parlementaire.
La célébration de la Journée internationale de l'accès universel à l'information a été proclamée à la 74e Assemblée générale des Nations Unies en octobre 2019. Cette année, le thème de sa célébration souligne le rôle des lois sur l'accès à l'information et leur mise en œuvre pour reconstruire des institutions solides pour le bien public et le développement durable, ainsi que pour renforcer le droit à l'information et la coopération internationale dans le domaine de la mise en œuvre de ce droit de l'homme.
Darwin Mumete, stagiaire UPN