Prison centrale de Kasapa : « près d’un an plus tard, les victimes de viols attendent toujours des soins médicaux et soutien adéquats », alerte HRW

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Une centaine de femmes et des filles incarcérées dans la prison de Kasapa ont subi des violences sexuelles de la part des détenus hommes au cours des émeutes de septembre 2020. Dans un article publié ce 20 septembre , Human Rights Watch appelle à des enquêtes sérieuses et plaide pour une prise en charge holistique des victimes. 

Sur un total de 56 détenues, 37 femmes et une adolescente ont affirmé, dans leurs dépositions devant le procureur de la République de Lubumbashi, que des détenus les avaient violées. Human Rights Watch dit s’être entretenu avec 13 des détenues, qui affirment avoir été agressées sexuellement ou violées. 

« Certaines survivantes ont affirmé avoir été victimes de viols collectifs ou avoir été violées à plusieurs reprises par différents hommes au cours des trois jours de troubles. Elles ont précisé que les femmes qui résistaient étaient souvent battues ou frappées avec des objets tranchants ou des armes blanches », peut-on lire dans l’article.

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Selon HRW, la plupart des victimes ont fait état de symptômes correspondant à un stress post-traumatique. Des témoignages rapportent des cauchemars, de l’insomnie et un sentiment persistant de peur. Alors que dans sa lettre du 23 juin à Human Rights Watch, le gouverneur Jacques Kyabula a affirmé que le gouvernement provincial « répond[ait] régulièrement et promptement aux états de besoins provenant de son directeur [de la prison de Kasapa] et du médecin chef du centre médical », les survivantes de viols n’ont cependant pas reçu de soins médicaux adéquats ni en temps opportun. Certaines d’entre elles ont contracté le VIH et des grossesses non désirées. 

« Une organisation non gouvernementale congolaise a fourni des soins d’urgence à certaines des détenues le 30 septembre 2020, soit cinq jours après les premiers viols, rendant les traitements post-viols inefficaces pour prévenir l’infection par le virus VIH ou les grossesses non désirées. En outre, seulement la moitié des femmes ont bénéficié de ces soins, à cause de l’insuffisance des stocks ; d’autres n’ont reçu que des antibiotiques », précise l’article. 

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Le 29 septembre 2020, le procureur de la République de Lubumbashi a ouvert une enquête sur les viols. Dans une lettre datée du 5 octobre que Human Rights Watch a pu consulter, le procureur a demandé que des examens médicaux soient effectués sur les survivantes de violences sexuelles par l’un des principaux hôpitaux de Lubumbashi. Cependant, malgré cette requête et une seconde demande présentée fin novembre, les autorités de l’hôpital n’ont pas obtempéré.

En termes des recommandations, HRW appelle les autorités à fournir aux survivantes des soins médicaux et un soutien psychologique adéquats. Mais aussi de devoir enquêter de manière crédible et impartiale sur ces incidents, y compris sur les responsables qui ont ignoré plusieurs avertissements selon lesquels une émeute se tramait, et poursuivre en justice de manière équitable les auteurs d’abus.

Prisca Lokale