Après l’approbation du Plan directeur d’industrialisation (PDI), le gouvernement via le ministère de l’industrie dévoile le déroulé des opérations de la renaissance industrielle de la RDC. Il s’agit de profondes transformations qui s’effectueront à travers les 6 zones économiques spéciales (ZES) conformément aux objectifs assignés dans le document de la politique et des stratégies industrielles (DPSI).
Jeudi à Kinshasa, le ministre de l’industrie, Julien Paluku a officiellement présenté le Plan directeur d’industrialisation. Il a, à cette occasion, donné le schéma directeur d’industrialisation du pays tenant compte notamment, de la redynamisation des industries disparues depuis des décennies.
« La nouvelle trajectoire industrielle du pays partira d’une première étape, celle d’un effort de redynamisation des industries existantes et d’une renaissance de celles qui ont disparu ainsi que de la construction des parcs agro-industriels. Ensuite, interviendra un processus de modernisation des industries par un programme d’attraction de nouveaux capitaux et de nouvelles unités dans le secteur pour déboucher sur la construction des parcs industriels. C’est la deuxième étape. Cette étape changera la structure de l’économie par une diversification effective, un élargissement du tissu industriel, une modernisation de la production et une valorisation du capital humain. Enfin, dans une troisième étape, des efforts seront déployés pour créer un environnement devant soutenir l’accroissement de la productivité à travers la construction des parcs scientifiques et technologiques », a dit Julien Paluku, ministre de l’industrie.
Cette trajectoire d’industrialisation vaut un coût au regard surtout de l’enclavement des ZES sur lesquelles le Plan devra s’appuyer. Ces six ZES : Zone Ouest (Kinshasa, Kongo Central et ex-Bandundu), Zone Sud (ex-Katanga), Zone centre (ex-Kasaï), Zone Est (ex-Grand Kivu), Zone Nord-Est (ex-Province orientale) et Zone Nord-Ouest (ex-Equateur), n’ont plus d’usines qui ont pour la plupart fonctionné jusqu’au départ des colons.
58,3 milliards USD pour viabiliser les ZES et les infrastructures
Le PDI propose un « cahier des coûts estimatifs des infrastructures structurantes et industrialisantes » qui présente les infrastructures minimales et indispensables pour assurer l’inter et l’intra connexion des zones industrielles, et l’accentuation de la fluidité des transactions en termes de mobilité des marchandises échangées.
« Ce paquet d’infrastructures de transport et de communications (aéroportuaires, ferroviaires, fluviales, lacustres, maritimes, routières et énergétiques) doublé de la densification des Zones Economiques Spéciales, est évalué à 58,3 milliards de dollars américains. Ce qui sous-entend un Plan Quinquennal des Transports qui devrait soutenir durablement le Plan Directeur d’Industrialisation. La mise en œuvre du PDI est certes une tâche ardue, mais noble et salutaire pour la survie de la RDC comme nation, car le Pays est au bas de l’échelle des pays en développement en dépit de ses énormes potentialités et nous ne pouvons plus nous permettre de garder cette position », a indiqué M. Paluku devant de nombreux invités au nombre desquels des diplomates et membres du gouvernement.
Réduire de 60 % la facture d’importations d’ici 2030
Lors de l'approbation du PDI au Conseil des ministres en juillet dernier, Julien Paluku avait estimé à plus de 2,5 milliards USD le montant que le pays économiserait sur sa facture annuelle d’importations grâce à ce projet d’industrialisation. La projection faite de 60% d’économie sur la facture, près de 6,5 milliards USD pourraient être économisés chaque exercice d’ici 2030, a dit le ministre de l’industrie.
« L’objectif ultime est de réduire de 60% à l’horizon 2030, la facture des importations évaluée à près de 6,5 milliards de dollars américains par an. D’autres pays qui, en 1960, étaient au même niveau que la République Démocratique du Congo ou même en deçà l’ont fait. A ce jour, ils comptent parmi les pays émergents. », a-t-il dit.
« C’est le cas de quatre dragons asiatiques, à savoir : la Corée du Sud, le Hong Kong, le Taiwan et le Singapour. C’est aussi le cas des pays appelés Tigres asiatiques, à savoir : la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande et les Philippines. Eux qui n’ont pourtant pas autant de ressources naturelles et de richesses comme la République Démocratique du Congo, se sont lancés dans de vastes programmes de révolution industrielle. Ils ont développé une industrie de substitution aux importations, ensuite, ils ont investi dans une industrie légère destinée à l’exportation et dont les gains en devises leur ont permis d’investir dans l’industrie lourde », a conclu Julien Paluku.
Il rappelle que le gouvernement s’est assigné l’objectif de l’émergence d’ici 2030-2040, et pour lui, le chemin de l’industrialisation balise la route vers une spécialisation rapide dont a besoin la RDC pour décoller définitivement. « Ainsi fait, nous aurons amorcé notre propre révolution industrielle « made in Congo » et, par conséquent, devenir le 1er dragon africain à l’instar de dragons et tigres asiatiques », a-t-il souligné.
Clément Muamba