RDC : Plan directeur d’industrialisation validé, Julien Paluku rêve d’un sommet des Chefs d’Etat d’Afrique pour booster le secteur

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Le Plan d’industrialisation de la République démocratique du Congo a été validé vendredi 26 mars 2021 par les experts des ministères sectoriels ainsi qu’entre autres, ceux de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Ce document va finalement être soumis par le ministre de l’industrie au gouvernement pour son adoption finale avant sa mise en œuvre. Mais Julien Paluku, ministre de l’industrie voit en ce Plan directeur d’industrialisation, une opportunité continentale qui pourrait faire objet des discussions entre les Chefs d’Etat.

L’une des raisons de cette opportunité africaine, c’est l’avènement de la ZLECAF, la Zone de libre-échange continental africaine qui peut inciter les dirigeants du continent à s’approprier cette initiative congolaise impulsée par le ministère de l’industrie.

« Nous disposons du plan directeur d’industrialisation, ça sera un outil que le président de la république pourra partager avec ses pairs pour dire qu’il est possible que chaque pays élabore son plan d’industrialisation, pour ainsi sortir ce continent de son isolement. C’est important parce que si ce plan est adopté en conseil des ministres dans les jours qui viennent, nous pourrions demander que Président de la République puisse convoquer même un sommet des chefs d’Etat sur l’industrialisation de l’Afrique parce qu’avec l’avènement de la Zone de libre-échange continental africaine, si nous n’industrialisons pas notre continent, les échanges entre nous sont pauvres, nous n’allons que les opérer qu’avec d’autres continents », a déclaré Julien Paluku.

Félix Tshisekedi, en sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine a inscrit parmi les grands dossiers à traiter au cours de son mandat, « l'opérationnalisation de la Zone de Libre-échange ». D’où, « il est important que le continent s’industrialise », insiste le ministre congolais de l’industrie.

« Et si cela peut commencer avec le mandat du Président de la République, il aura laissé de l’empreinte à la tête de l’Union Africaine et ça va permettre en tant que République de savoir dans chaque territoire quelles sont les potentialités à partir desquelles on peut monter des unités de transformation », se réjouit-il d’avance.

La ZLCAF aurait le mérite de permettre aux Etats d’Afrique de booster leurs intra échanges qui sont estimés actuellement à 7% seulement.

Les enjeux pour la RDC

Le Plan directeur d’industrialisation qui devrait rapidement être adopté par le gouvernement vise surtout à aider le pays à diversifier son économie basée essentiellement sur les mines.

« Aujourd’hui notre économie est basée seulement sur les mines, et nous voulons diversifier cette tendance. Beaucoup de pays n’ont pas de cuivre, de cobalt mais ont des budgets conséquents. C’est parce qu’ils ont diversifié leurs économies », a fait remarquer Julien Paluku.

Les experts qui ont élaboré ce Plan relèvent que depuis 1961, la RDC a connu une baisse de sa production agricole pour laisser place aux minerais dont les prix ne favorisent pas le pays sur le marché international.

« A cette année-là, les exportations des produits alimentaires étaient supérieures jusqu’à 1975. Depuis, elle a baissé, on exporte plus de produits alimentaires. Il faut changer de modèle en créant des entreprises qui vont axer leurs activités sur les produits locaux pour une concurrence sur le marché international », a signifié le professeur Jean Baptiste Ntagoma, expert de Congo Challenge, consultant recruté pour réaliser ledit Plan.

Le Plan directeur de l’industrialisation de la RDC a répertorié un certain nombre de difficultés auxquelles le secteur est confronté. C’est notamment le déficit d’énergie, le manque d’infrastructures ainsi que le faible ou l’absence des financements. Il s’agit des défis à surmonter pour un pays dont le secteur industriel a sensiblement dégringolé depuis plus de deux décennies. 

Selon le décompte du ministère de tutelle, la RDC compte quelque 525 entreprises industrielles et compte en avoir plus de 1000 d’ici 2023. Mais à l’horizon 2030-2040 peut compter plus ou moins 10 000 ou 20 000 entreprises, le secteur de l'industrie pourrait contribuer à atteindre 5 milliards USD de Produits intérieurs bruts (PIB) et le pays peut se doter d'un budget d'environ 30 milliards USD, avait affirmé Julien Paluku le 23 novembre 2019 au cours du 1er Forum sur l'économie industrielle organisé par l'Université Protestante du Congo (UPC), autour du thème « Industrie congolaise face au défi d'une société post-industrielle : contraintes et perspectives ». 

Patrick Maki