Le député Gratien Iracan crie au scandale après l'audition du ministre des finances : « on ne peut pas travailler avec l'argent du contribuable congolais dans la légèreté »

Gracien Iracan

Le député national Gratien de Saint Nicolas Iracan s'est exprimé après l'audition, ce mardi 24 août, du ministre des finances Nicolas Kazadi à la commission défense et sécurité de l'Assemblée nationale dans le cadre de l'évaluation de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Pour l’élu de l‘Ituri, c'est scandaleux, ce qu'ils ont appris du ministre des finances dans le cadre de décaissement des fonds pour la mise en application de l'état de siège. 

Face à cette situation, il a appelé à des enquêtes sérieuses pour établir les responsabilités de chacun.

« Je voudrais dire à tous les Congolais que c'est inacceptable ce que nous venons d'entendre dans la salle, donc des gros scandales sur la gestion de notre défense et de notre sécurité. Si tout se passait normalement on devait être la première force en Afrique, la première armée en Afrique et donc il faut une investigation, il faut une enquête approfondie et contrôle au sein de l'armée, au sein des forces de défense et sécurité. C'est scandaleux ce que je viens d'entendre sur le rapport du ministère des Finances. Par rapport à ce qu'il a dit comme discours en tout cas, je pense qu'il y a du travail à faire. Il faut qu'on enquête, quand nous voyons le total des fonds décaissés par rapport à ce qui est fait sur le terrain, il n'y a rien. Heureusement nous sommes rassurés qu'il y a déjà une équipe qui travaille sur le terrain et qui va rendre son rapport après ce contrôle-là », a déclaré devant la presse, le député national Gratien de Saint Nicolas Iracan.

Cet élu dit noter la volonté du Chef de l'État dans le décaissement des fonds pour la mise en application de l'état de siège. Il l’invite, par ailleurs, à faire arrêter tous les complices notamment le ministre de la défense, le Chef d'Etat-major et le ministre des Finances.

« Rien ne va, je suis un peu content parce qu’il dit quelque part qu’ils ont pris des dispositions mais ce sont des discours que nous connaissons et ce qui est vrai, nous avons un sérieux problème et il faut décanter au plus vite que possible. A l'heure qu'il est normalement, notre Président de la République qui a eu la bonne volonté de faire décaisser tous les fonds parce qu’on nous a dit avant que les fonds étaient décaissés 45 jours après l'état de siège, c'était le ministère de la défense qui avait dit ça, mais nous venons d'apprendre que l'argent était décaissé à partir du mois d'avril. Ce sont des faits graves, et si je vous cite les montants, c'est vraiment scandaleux et donc normalement le Chef de l'État devait arrêter immédiatement le ministre de la défense, le Chef d'Etat-major et le ministre des finances qui est comme complice de tout ce qui se fait dans le décaissement. On ne peut pas travailler avec l'argent du contribuable congolais dans la légèreté, non, c'est des millions et des millions », a-t-il fait savoir.

À la question de savoir combien a été prévu et combien a été disponibilisé ou décaissé, l'élu de Bunia a rassuré que tous les chiffres seront repris dans le rapport final qui sera élaboré à l'issue de ces évaluations.

« On va rendre le rapport global, on va vous faire savoir parce qu'il y a des discussions qui continuent au niveau de la commission et donc quand il y aura le rapport complet, on pourra le faire. Il (ministre des Finances) a répondu à toutes les préoccupations donc on n’a rien à attendre mais c'est scandaleux, c'est choquant ce qu'on vient d'entendre », a-t-il conclu.

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Depuis le début de l’évaluation de l’état de siège, le ministre de la défense, le ministre d’Etat de la justice, le VPM de l’intérieur représenté par le vice-ministre de l’intérieur ont été entendus par la commission défense et sécurité de la chambre basse du parlement. Le Chef d’état-major général de l’Armée et les deux gouverneurs militaires des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ont été aussi auditionnés.

À l'issue de ces auditions, un rapport détaillé sera déposé au bureau de l'Assemblée nationale en vue de son examen en plénière. Entre-temps, l'Assemblée nationale avait autorisé mardi dernier la prorogation de l’état de siège pour la sixième fois consécutive. Cette nouvelle prorogation avait pris effet depuis le 19 août pour une durée de 15 jours.

Clément Muamba et Berith Yakitenge