RDC-gouvernement Sama Lukonde : des Kinoises proposent des pistes pour la suite du mandat 

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100 jours après la mise en place du gouvernement Sama Lukonde, l'heure est au bilan. Le Desk Femme d'Actualité.cd est allé à la rencontre de femmes aux profils divers et variés. La plupart d'entre elles ont insisté sur certains secteurs clés comme: l’enseignement,  les conditions sociales des congolais ainsi que la  circulation de la monnaie. 

« En trois mois, les mouvements de grève ont émaillé  des secteurs clés comme la santé et le transport. Alors que le personnel des hôpitaux publics se décidaient de ne plus prodiguer des soins, les conducteurs des bus Transco, qui facilitent le transport à de nombreuses personnes dans la capitale, accusent plus de 5 mois d’impaiement. Comment dirions-nous que les choses se sont améliorées  au cours de ces 100 jours ? », s’interroge Bernadette Bamba, agent à la Caisse nationale de Sécurité sociale. Pour elle, « sans progrès considérables dans les secteurs touchés par les grèves, le gouvernement Sama Lukonde aura échoué dans son mandat ». 

Panser les maux dans le système éducatif congolais

En mai dernier, lors d’une visite de Félix Tshisekedi dans des universités et des  instituts supérieurs, il avait promis de rendre disponible la connexion internet sur les sites universitaires, ce qui conduirait à la suppression de la vente des syllabus. Trois jours plus tard, dans une réunion du gouvernement, des orientations ont été données au ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire à ce sujet.

Benedicte Munga, étudiante en droit de l’Université Protestante du Congo soulève les défis qui s’opposent à la mise en œuvre de cette promesse du Chef de l’Etat. 

« Le Chef de l’Etat avait d’une certaine manière, interdit la vente des supports des cours. Je pense que le gouvernement devrait travailler pour que les professeurs soient mieux payés. C’est l’un des moyens qui va leur permettre soit de rendre les supports des cours gratuits, soit de réduire le coût des syllabus. Nous étudions dans des conditions qui contraignent nos enseignants à rendre obligatoire l’achat des supports et de conditionner la réussite à cet achat,»confie-t-elle.  

Et de poursuivre, « dans le même registre, la qualité des enseignements au sein des écoles et universités privées est de loin supérieure à celle de nombreuses écoles publiques. La gratuité de l’enseignement de base a été décrétée sur toute l’étendue du pays. Mais, comparez le niveau de réflexion, le niveau intellectuel d’un enfant qui sort d’une école bénéficiaire de cette gratuité au niveau d’un enfant évoluant dans une école qui n’en est pas bénéficiaire, vous constaterez que des bonnes décisions sont parfois prises en RDC, mais les mécanismes pour accompagner leur mise en œuvre n’existent pas réellement. C’est aussi cela la mission du gouvernement. » 

Edith Mundele, étudiante dans la même université évoque la question du programme scolaire et celui de la formation professionnelle.

« Nous sommes soumis à un programme éducatif non actualisé. Après l’université, nous sommes obligés de faire de nouvelles formations pour nous adapter à l’environnement professionnel. Dans nos universités, il arrive que les locaux ne soient pas suffisants, que les bancs, les chaises et autres matériels didactiques manquent. C’est parce que le gouvernement n’a pas encore songé à multiplier les centres de formation professionnelle. A la fin des humanités, nous pensons tous à faire l’université alors que la place de certains n’est pas à l’université », a-t-elle expliqué.

  Le gouvernement devrait rectifier le tir

Helène Bakajika, vendeuse de prêts-à-porter s’inquiète de la rareté des clients dans sa boutique située en plein centre-ville. « Rien ne marche. Je quitte ma maison très tôt à Barumbu pour venir ouvrir mon magasin. Mais les gens ne viennent pas acheter. Je passe des journées entières sans recevoir ne fût-ce qu’un client ! Ce n’est pas normal ! Les temps sont durs, bien que nous ayons changé de système politique ! » s’alarme-t-elle. 

Elle appelle par ailleurs le gouvernement à monter des nouvelles stratégies.

« Si les clients ne viennent pas, c’est justement parce que la monnaie ne circule pas. Ils ont du mal à trouver des moyens pour subvenir aux besoins de leurs foyers, comment trouveront-t-ils des moyens pour se vêtir ? Pendant ce temps, nous autres, avons des loyers à payer, des familles à nourrir. Ce gouvernement ne nous a pas facilité la tâche ces trois premiers mois. Je pense qu’il devrait rectifier le tir » souligne Hélène Bakaika. 

« Il y a beaucoup de secteurs à améliorer au Congo. Réduire le taux de chômage par la création d’emploi, augmenter le salaire des agents de la fonction publique, réduire le coût des produits de première nécessité, ce sont là les tâches du gouvernement Sama Lukonde et il devrait s’y mettre au plus vite si vraiment le peuple est bien au centre de ses priorités », conseille Nancy Tenda, devant ses bananes et arachides.

Prisca Lokale