Grève des infirmiers à Beni-Butembo : « ça perturbe le système et on risque d’avoir encore beaucoup de décès » (DPS)

Une manifestation des infirmiers à Butembo (Archive)
Une manifestation des infirmiers à Butembo (Archive)

La Division provinciale de la santé (DPS) antenne de Butembo est inquiète de la relance par les infirmiers et personnels administratifs d’une grève sèche dans toutes les structures étatiques du Grand-Nord, à guise de respect du mot d’ordre lancé par leurs syndicats en vue de réclamer l’amélioration de leur prise en charge salariale. Depuis le 2 août dernier, les infirmiers sèchent toutes les activités.

Lors d’un point de presse mardi 3 août, le chef d’antenne de la DPS, le pharmacien Guy Makelele a exprimé sa crainte de voir cette grève paralyse le système de santé et entraîner des morts en cette période où la région connaît la croissance des cas positifs de Covid-19.

Selon lui, la riposte contre l’actuelle pandémie a besoin d’un travail concerté.

«La grève des infirmiers perturbe le système. Plus rien ne va. Logiquement, quand le personnel infirmier avec les autres vont en grève, ça perturbe le système et on risque d’avoir encore beaucoup de décès. (…) La grève est un droit, c’est fondé, c’est légitime. Mais nous qui sommes dans le domaine de la santé, essayons de voir comment continuer à prendre en charge les cas urgents, les cas qui nécessitent une assistance. Là je vois surtout les CTCO (centre de traitement de Covid-19, ndlr) : en ce moment-ci, un patient se présente, sa situation va du mal en pis, on est obligé de l’assister, mais il n’y a personne pour le faire. Celui-là est d’office condamné à mort. Avec cette grève, ma grande crainte est qu’on enregistre de plus à plus de décès », s’inquiète Guy Makele.

Il appelle les infirmiers à l’humanisme en assurant un service minimum pour sauver les vies humaines, en attendant qu’une solution soit trouvée à leur revendication.

« Pour les infirmiers, nous sommes reconnaissants du bon travail qu’ils ont toujours eu à faire pour nous. On a vu avec Ebola, on a vu d'autres maladies, il faut toujours cette action concertée. C’est vrai, le problème est en étude, on espère qu’il y aura une solution dans un avenir très proche.  Chers frères et sœurs, essayons de voir comment assurer ne fusse qu’un service minimum. Essayons de mettre une dose d’humanisme pour que cette situation n'entraîne pas d’autres décès », exhorte-il.

Lundi, les infirmiers de Butembo, comme ceux d’ailleurs au pays, ont relancé leur mouvement de grève pour exiger l’alignement de leurs collègues sur la liste de la prime de risque et l’amélioration de leur prise en charge salariale. Cette grogne intervient moins de deux mois après un autre mouvement de grève. A en croire Katembo Mathe Maneno, coordonnateur adjoint de l’Intersyndicale de la santé Pool de Butembo (Butembo, Beni, Lubero), ce nouveau mouvement de grève fait suite à la discrimination dont sont victimes les infirmiers de la part du gouvernement congolais. Pour Beni et Butembo, ce mouvement de grève intervient alors que la région connaît la montée de nouveaux cas de Covid-19. Les trois dernières semaines, les cas sont passés de 193 à 232, suscitant l’inquiétude dans le chef des responsables de santé. 

Claude Sengenya