Proposition de loi sur la dot : « moderniser la liste des biens fait perdre à cette liste sa valeur coutumière », Nadine Nseka

Loi sur la dot : « si toutes les familles considéraient la dot comme un symbole, la question des sommes ne poserait aucun problème », Adolphine Kabedi 

Au-delà du fait de fixer le montant de la dot à 500 $ en milieu urbain et 200 $ en milieu rural, la proposition de loi du député national Daniel Mbau proscrit toute surfacturation de la dot et limite à 12 mois, la période des fiançailles. Dans une interview accordée au Desk Femme, Nadine Nseka, activiste des droits des femmes basée dans le Congo central soutient ce projet de loi qui selon elle, revalorise les coutumes congolaises.  

Les fiançailles sont dissoutes  après 12 mois lorsque les futurs époux sont dans l’impossibilité de contracter mariage. Elles peuvent être renouvelées pour la même durée lorsqu’il n’y a ni faute ni abstention coupable, stipule l’article 340 de ladite proposition.

« Je salue particulièrement cette proposition de loi. Nous sommes dans une société où les jeunes sont abandonnés à leur triste sort. Ils peuvent  projeter de se marier, être en relation avec la bonne personne mais le poids de la dot ne leur permet pas de réaliser leur rêve au bon moment. Ce qui favorise le phénomène ‘Yaka Tofanda’. La dot est trop élevée, ils s’arrangent pour vivre sous un même toit sans passer au préalable par le mariage. Bien pire, d’autres femmes et jeunes filles se livrent à la prostitution,» précise Nadine Nseka qui est également  présidente de l'ONG Femmes en Actions, axée sur la réinsertion sociale des jeunes filles mères et désœuvrées. 

Dans son article 363 ter, la proposition de loi précise que sauf acceptation expresse de la famille du futur époux, toute surfacturation ou exagération de la liste de la dot non prévue par la coutume est proscrite. Il en va de même de toute multiplication mercantile des biens prévus par la coutume. 

« Coutumièrement, une télévision avec autant de pouces, le groupe électrogène, n'existe pas. On veut aujourd’hui moderniser les listes des biens mais d’une façon excessive,» déplore l'activiste et défenseur des droits des femmes.

Et d’ajouter, « Quand on demande les fusils, les lampes Coleman, leur achat ne coûte pas beaucoup à l’époux. Faisons un retour à l’origine de nos sociétés. Même ces objets ne peuvent pas servir pour la chasse et autre, les garder comme symbole de mariage est aussi une bonne chose. La dot en soi représente la coutume. Moderniser la liste des biens fait perdre à cette liste sa valeur coutumière. » a-t-elle conclu. 

Déposée mercredi, 21 juillet à l’Assemblée nationale, la proposition de loi n’a pas encore été inscrite à l’ordre du jour des plénières à la chambre basse du parlement.

Prisca Lokale