Etat de siège au Nord-Kivu et Ituri : pour le député Muhindo Kasekwa « c'est un faux remède, le Président Félix Tshisekedi est animé par des motivations politiques »

Le président de la république, Félix Tshisekedi/Ph Présidence

Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa, député national élu de Goma (Nord-Kivu) juge inefficace la décision du Président de la République décrétant l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. À l'en croire, c'est un « faux remède » qui démontre que le diagnostic présenté à la haute hiérarchie militaire n'est pas pris en compte.

« C'est un faux remède, ça montre que le diagnostic que nous avons toujours présenté à la haute hiérarchie militaire n'est pas pris en compte parce que l'échec des différentes opérations militaires qui ont été lancées depuis les années 90, 96 dans l'Est de la République Démocratique du Congo, n’est pas dû par le fait que les militaires n'exercaient pas les pouvoirs politiques et administratives. L'échec est dû par le fait de la complicité de certains militaires dans des économies criminelles avec les groupes armés notamment l'exploitation des minerais, des bois, de cacao et autres. L'échec est dû à la complicité entre certains officiers FARDC et les groupes armés notamment le NDC dans le Masisi dont ses éléments se retrouvent avec d'importantes tenues militaires dotés avec la complicité de certains officiers militaires. L'échec des opérations est dû au détournement des fonds alloués aux opérations militaires à partir de Kinshasa. On peut débloquer 2 millions USD mais à Beni on ne recevra que 5.000 USD ou 50.000 USD sur 14 mois, c'est-à-dire 3400 USD par mois pour tous les aspects. L'échec est dû au détournement de la solde des militaires, de la ration des militaires. Est-ce que c'est l'état de siège qui va répondre à toutes ces questions ? », a dit à ACTUALITE.CD Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa ce mardi 4 mai 2021.

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Pour cet élu, le Président Félix Tshisekedi est animé par des motivations politiques.

« L'échec des opérations est dû à des effectifs fictifs, on va présenter un effectif de régiment de plus de 1700 éléments alors qu'en réalité il ne contient que 300, la réponse à toutes ces causes des échecs des opérations militaires ce n'est pas le fait de nommer un militaire comme administrateur de territoire, comme chef des collectivités ou des groupements donc à mon avis Monsieur Félix Tshisekedi dans sa décision, il est beaucoup plus animé par des motivations politiques c'est-à-dire légitimer la répression sauvage des manifestations réclamant la fin des tueries et ça c'est quand même inquiétant de constater que pour lui les manifestations sont plus nuisibles que les tueries, c'est donc un faux remède qui ne va pas donner les résultats attendus », s'est-il indigné.

Le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi a officiellement proclamé l'état de siège pour 30 jours renouvelables dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri à partir de ce jeudi 6 mai 2021. La gestion de ces deux provinces sera entre les mains des militaires et policiers.

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La situation sécuritaire en Ituri et au Nord-Kivu devient de plus en plus inquiétante. Plusieurs voix dénoncent une situation qui pourrait déstabiliser le pays entier. L’épicentre de l’insécurité reste la région de Beni où l’armée combat les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) accusés des massacres à grande échelle des civils depuis plus de six ans. Ces rebelles ont étendu leur violence jusqu’en Ituri où d’autres groupes armés tel CODECO eucument la population. Selon un rapport de la CENCO, pour la seule année 2020, 2000 personnes ont été tuées en Ituri, tandis qu’à Beni depuis 2013, le rapport parle de 6000 personnes tuées. Plus d’1,2 million de congolais ont ainsi été déplacés en 2020 dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri.  

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Clément Muamba