Situation sécuritaire dans l’Est : « ça ne sert à rien de voter les lois pendant que les populations souffrent » Moïse Nyarugabo

Le député national Moise Nyarugabo/Ph ACTUALITE.CD

Les députés nationaux élus de la province de l'Ituri ont suspendu ce mercredi 21 avril 2021 avril leur participation à toutes les activités parlementaires en cours à l'Assemblée nationale. Par solidarité, les députés élus de plusieurs autres provinces du pays ont quitté la salle des plénières.

Moise Nyarugabo, élu du territoire d’Uvira au Sud-Kivu a indiqué qu’il ne sert à rien de voter les lois pendant que les populations meurent dans l’Est du pays.

« Dans toutes nos provinces, il y a plus d'une semaine, 10 villages ont été brûlés, à Kaololo, à Bibangwa, dans le territoire d'Uvira au Sud-Kivu. Ce matin, des villages viennent d'être brûlés, toujours à Kaololo dans le territoire d'Uvira. C'est pour dire que toutes les fois où on brûle ces villages, il y a des gens qui sont tués, il y a des gens qui fuient. On est à plus de 300 villages qui ont été brûlés et les populations sont en errance, et nous en avons parlé. Ça devient comme une habitude et on nous considère comme des pleurnichards ; ce sont des populations, ce sont des vies humaines qui périssent. En fait, aujourd'hui, c'est un signal fort pour dire à quoi ça sert de voter les lois pendant que les populations sont en train de souffrir, que fait le gouvernement ? », a décrié Moïse Nyarugabo.

Pour lui, il faut que le gouvernement prenne en main le problème sécuritaire dans la partie orientale du pays.

« Je pense qu'aujourd'hui, tous les députés, toutes les tendances confondues, sans nous mettre d'accord, sans réunion, on a décidé de faire une motion d'arrêter de voter les lois si rien n'est fait. Si vraiment il y a des députés qui sont avec les groupes armés, on a des services de sécurité, on a l'État, on doit s'en charger. Je crois qu'on a dépassé le niveau de faire les appels et de conscientiser, il faut poser des actes », a-t-il ajouté.

L’est de la RDC est en état d’instabilité depuis des années. Le Sud-Kivu, le Nord-Kivu, l’Ituri, le Haut-Uele, le Bas-Uele, le Tanganyika, le Maniema sont infestés par des groupes armés locaux et étrangers qui commettent de graves atrocités. Les populations civiles en sont victimes permanentes. Pour preuve, d’après un rapport de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), depuis 2013, 6000 personnes ont été tuées dans la région de Beni où les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) sont actifs, tandis qu’en Ituri, 2000 personnes ont été tuées pour la seule année 2020. 

Berith Yakitenge