RDC : un membre de plénière de la CENI relève un retard de près d’une année déjà encaissé dans les préparatifs des élections de 2023

Photo ACTUALITE.CD.

Gustave Omba, l'un des membres de plénière de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) s’est montré sceptique quant à la tenue des élections en 2023. Dans une interview lundi 8 mars à ACTUALITE.CD, il explique son scepticisme par le retard de près d’une année déjà cumulé dans les préparatifs de la tenue des élections.

« Je pense que le président Nangaa veut seulement pousser le Chef à être devant un fait accompli et ramener ceux-là qui pensent que les élections vont s'organiser en 2023 à faire la pression. Le contexte n'est pas le même. Même nos experts à l'interne ont déjà présenté un tableau sombre. Le Président Nangaa connaît parce que nous avons réalisé beaucoup de formations avec lui autour de la question de planification électorale. Aujourd'hui, l’atelier des logisticiens qu'il venait clôturer c'est juste une action à trompe œil, plein des matériels de la commission électorale nationale indépendante aujourd'hui dans l'ensemble du pays ont été détournés, vendus, d'autres matériels sont devenus défectueux parce que les conditions d'entreposage posent problème », a dit a fait savoir ce membre de plénière de la CENI.

À l'en croire, plusieurs faits et contraintes démontrent à suffisance que la tenue des élections dans le délai est hypothétique.

« Le vrai problème se trouve du côté des moyens financiers capables d'exécuter ce projet. Quand vous parcourez le budget de l'État, on ne réserve pas grand-chose aux élections. Le pays est en train de traverser une crise économique, si en 2018 nous avons organisé les élections parce qu’il y a eu des fonds qui sont sortis outre le budget de l'État mais aussi l'argent sortait vite parce que la CENI était carrément une vache à lait, l'argent sortait et retournait. Aujourd'hui le contexte économique et social fait que l'État n'a pas les moyens de son action. Je ne sais pas comment est-ce que nous allons arriver à organiser ces élections. Déjà les agents de la CENI ne sont pas payés, ils ont un salaire réduit à 60% à 70%, il faut d'abord les mettre dans les conditions de travail », ajoute-t-il.

Le président de la CENI a pourtant indiqué que son institution avait déjà lancé les préparatifs des prochaines élections, notamment avec le renforcement des capacités logistiques de ses agents. Mais pour Gustave Omba, « nous avons déjà 11 à 12 mois de retard et on est obligé de repartir pour lever les options sur la nécessité de renouveler le fichier électoral ».

« On ne doit pas seulement se limiter aux questions techniques, mais il y a aussi des questions d'ordre légal, la loi elle-même n'a pas encore connu des modifications, il faut réformer cette loi de la CENI, c'est plus qu’indispensable parce que la manière dont elle a été présentée, j'ai vu les faiblesses de la plénière, il faut réfléchir autrement mais pour que la réforme se fasse il faut d'abord qu'il ait une évaluation. C'est l'évaluation qui va avec toutes les parties prenantes qui dira la lumière sur ce qui peut faire objet de la réforme. Donc il y a une partie législative qu'il faut faire par rapport à la réforme et puis la partie technique que la CENI est appelée à faire », a-t-il indiqué.

A moins de 3 ans des élections en République démocratique du Congo, le débat sur cette question refait surface dans la classe politique. Ce, après la récente déclaration des évêques de la CENCO sur la nécessité d’organiser les élections « en 2023 et pas plus tard ».

Clément Muamba