« Les gouvernements africains devraient apprendre à soutenir les projets développés par les jeunes », souhaite Richine Masengo

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Quels peuvent être les attentes des jeunes, au cours du mandat de la RDC à l’Union Africaine ? Comment remédier aux problèmes d’immigration clandestine des jeunes en Afrique ?  Richine Masengo, directrice exécutive de Si Jeunesse Savait, une organisation des jeunes propose des pistes de solution. 

« C’est un honneur de représenter cette jeunesse pleine d’espoir dont les attentes sont très immenses par rapport au mandat de la RDC à la tête de l’Union Africaine. L’Afrique est butée à de nombreux problèmes en matière de droits, de justice, d’éducation, de santé, de croissance économique, (…) Cependant, la résilience des communautés laisse entrevoir un avenir meilleur », confie Richine Masengo.

L’accès à l’éducation et à la santé 

Pour une Afrique prospère, la directrice exécutive de Si Jeunesse savait propose aux Etats Africains d’investir dans l’éducation et la santé.

« Aussi longtemps que l’accès à une éducation de qualité pour tous les jeunes ne sera pas une priorité pour les gouvernements africains, il n’y aura pas de relève assurée dans tous les domaines constituant le socle d'un continent. », dit-elle. Et de poursuivre, « Le droit à la santé et aux soins de santé de qualité doivent être une réalité pour tout jeune.»

L’accompagnement des projets développés par les jeunes

« Savez-vous que pendant l'année 2020, plusieurs jeunes ont proposé des initiatives pour soutenir l’éducation, telles que des applications de partage des messages qui facilitent les cours à domicile et bien d’autres ? », s’interroge Richine Masengo. Elle soutient qu’aucune de ces applications  développées par des jeunes africains n’a reçu un quelconque soutien, y compris les initiatives développées en RDC.

Les jeunes en Afrique vivent les mêmes réalités et difficultés en termes d’innovation et d'accompagnement des projets de la part les gouvernements. « Ces derniers ont du mal à croire aux potentiels des jeunes de leurs territoires. Et pourtant, lorsqu’un gouvernement étranger porte son intérêt vers le projet de l'un d'entre eux, à ce moment-là, le jeune devient une référence pour d’autres jeunes de sa communauté. Les Etats africains devraient apprendre à soutenir les projets développés par les jeunes,» souligne Richine Masengo. 

L’immigration clandestine africaine un réel fléau 

Selon un rapport publié par le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en octobre 2019, près de 2.000 migrants venus de 39 pays africains et établis dans 13 pays européens ont déclaré être arrivés en Europe de manière illégale et non pour rechercher l’asile ou une protection. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), indique que 1.750 personnes au moins auraient perdu la vie durant ces périples en 2018 et 2019.

Pour Richine Masengo, l’une des raisons qui poussent les jeunes à quitter le continent, c’est l’insécurité.

« En Afrique, les jeunes ne bénéficient pas d'un environnement sain. Les conflits armés sont permanents et limitent les capacités des jeunes. Les jeunes préfèrent aller ailleurs pour sécuriser leurs vies et continuer leurs combats, saisir la chance d'une formation de qualité pour assurer leur avenir, trouver un emploi équivalent à leurs diplômes, se trouver un logement, profiter de l’accès à l’internet pour développer leurs initiatives », explique-t-elle.  Et de renchérir, « Les autorités donnent la priorité à leurs propres intérêts, et ne proposent aucune solution concrète. Ils font également des revendications des jeunes une menace contre leurs mandatures. Les manifestations sont violemment réprimées.»

Comme solutions, elle propose que « les Etats membres de l’Union Africaine travaillent ensemble pour la consolidation de la paix dans leurs territoires, placent les jeunes au centre des décisions qui engagent leurs nations, facilitent l’accès à une connexion internet de qualité à moindre cout et enfin, permettent aux jeunes de jouir de leurs droits, de leur santé, et de leurs libertés de circuler, de penser et de créer. » 

Prendre en compte les recommandations antérieures des jeunes

Pour clôturer, la coordonnatrice de Si Jeunesse Savait, appelle le chef de l’Etat Félix Tshisekedi, à prendre en compte les réels besoins des jeunes plusieurs fois soulevés au cours des réunions, des rencontres et autres évènements tenus en RDC et au niveau continental dans l’exercice de son mandat à la tête de l’Union Africaine. 

 Créée en 2001 et basée en RDC, Si Jeunesse savait (en sigle SJS) est une organisation dont l’objectif est de répondre aux questions critiques des jeunes. « Pour que le choix de la jeunesse compte » est le slogan de cette organisation. Richine Masengo qui en est la Directrice exécutive, est licenciée en communication des organisations de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC). Elle a intégré SJS pendant qu’elle était encore étudiante.

Prisca Lokale