RDC : l’échec programmé de la coalition FCC-CACH

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L’événement politique majeur de l’année 2020 aura sans doute été la dissolution de la coalition FCC-CACH par le président de la République. Il faut reconnaître que cette coalition était déjà agonisante depuis des semaines avant que le président de la République ne vienne annoncer sans ambages sa mort lors de son discours concluant ses consultations politiques tous azimuts lancées en novembre dernier. Si les circonstances entourant la mise en place de la coalition début 2019 ont été à la fois surprenantes - UDPS et PPRD ensemble ? - et quelque peu mystérieuses, il n’en a pas été de même pour son décès qui n’a pratiquement pas surpris les Congolais avisés. On pouvait s’y attendre pour des raisons multiples.

Généralement, différentes motivations poussent les partis politiques à former des coalitions. En recourant aux coalitions, les organisations politiques peuvent chercher à augmenter leurs chances aux élections, à former une majorité leur permettant de participer au gouvernement ou encore à participer à la gestion du pays durant les périodes de crise. En ce qui concerne le FCC et le CASH, il apparaissait clairement que leur coalition visait la gouvernance conjointe de la RDC à la suite de l’avènement du président de l’UDPS a la tête du pays sans le bénéfice d’une majorité parlementaire. Malheureusement cette première coalition du genre en RDC vient d’échouer lamentablement. Mais partait-elle avec une quelconque chance d’aboutir à un succès ? Techniquement parlant, la réponse est non.

L’erreur fondamentale qui a été commise par les deux camps coalisés a été de se lancer dans cette aventure d’un genre nouveau - à la suite des élections présidentielle et législatives - sans que chaque parti ne développe au préalable une stratégie permettant de négocier un accord formel efficace susceptible d’être appliqué de façon harmonieuse. A notre connaissance, le partage des portefeuilles ministériels fut l’unique objet de négociation, sans la garantie que les futurs partenaires avaient déjà des visions similaires sur la manière de gouverner le pays. 

Le document qui avait circulé pour annoncer la formation d’une coalition entre le FCC et le CACH n’informait nullement sur tous les objectifs précis de la coalition. Rien non plus n’avait été dit sur la structure formelle de la coalition ni sur la manière dont les différends allaient être traités. Par la suite, on a eu l’impression que les clauses non dites ou non formulées clairement s’avéraient être les plus importantes et le plus impactantes sur le fonctionnement de la coalition. 

Lorsque le FCC et le CACH ont commencé à mettre en application leur accord, les Congolais n’ont jamais eu l’impression que leurs relations étaient au beau fixe. On n’a pas vu apparaître un espace unique des formations politiques coalisées. Nonobstant la présence de son président à la tête du pays, l’UDPS notamment est resté sur son discours politique d’antan marqué par la critique acerbe et des menaces répétées à l’égard du FCC et surtout du PPRD. Des bâtiments abritant des permanences des partis membres du FCC ont même été saccagés par les militants de l’UDPS dans certaines villes. Ce parti qui a continué à fonctionner comme s’il n’existait aucune coalition dont il faisait partie n’a pas du tout cherché à établir un équilibre entre ses obligations et ses engagements envers la coalition et sa propre identité. De son côté, le FCC n’a pas du tout été solidaire dans le cadre de la coalition, notamment lorsqu’il s’est agi de passer au vote pour exclure un membre de l’UDPS du bureau de l’Assemblée Nationale où il occupait le siège de la vice-présidence. Ces signes et d’autres divergences observées entre les coalisés tout au long d’un semblant de partenariat politique ne trompaient pas sur la nature instable et superficielle de la coalition.

Il aurait peut-être fallu aussi que la coalition désignât de manière formelle son chef de file. Ce ne fut pas le cas. Tout comme on a déploré l’absence d’un rapprochement formel au niveau du parlement entre des députés du FCC et ceux du CACH.

L’échec de la coalition FCC-CACH étant avéré, les dirigeants de ces regroupements politiques ainsi que les autres animateurs des partis politiques congolais devront en tirer des leçons afin d’agir plus intelligemment et de façon responsable à l’avenir. Une coalition politique exige une préparation stratégique formelle, des structures, des animateurs et se fixe des objectifs clairs qui sont publiquement annoncés. Les Congolais sont fatigués d’être ballotés entre des crises politiques stériles à répétition depuis des lustres sans que leurs conditions de vie infrahumaines ne trouvent un espace dans les joutes politiciennes.

La mise en place d’une coalition politique n’est sans doute pas une démarche négative en soi. Cependant, si elle s’avère indispensable ou nécessaire, il faudra assumer toutes les exigences de sa création pour en assurer une conclusion heureuse pour tous.

Nawej Karl