Crimes en RDC: le BCNUDH promet son soutien technique, logistique et financier pour la mise en œuvre de la justice transitionnelle

Photo ACTUALITE.CD

Le bureau conjoint des Nations unies au droit de l’homme (BCNUDH) promet de soutenir la mise en place de la justice transitionnelle en vue de sanctionner les crimes documentés dans le rapport mapping de l’ONU. En août dernier le gouvernement congolais avait estimé que pour « remédier au lourd héritage des abus des droits humains dans les sociétés qui sortent de conflits armés, le mécanisme de justice transitionnelle s’offre comme un des outils à même de contribuer à lutter contre l’impunité des crimes graves, à faciliter la reconnaissance et l’indemnisation des victimes ».

« L’année 2020 marque le dixième anniversaire de la publication par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme du Rapport mapping sur les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire en République démocratique du Congo de 1993 à 2003 par des forces de défense et de sécurité et groupes armés nationaux et étrangers. L’opportunité de ce dixième anniversaire a permis de mesurer le chemin parcouru par les défis à relever dans le domaine de la justice transitionnelle et la lutte contre l’impunité », peut-on lire dans le compte-rendu de l’actualité de la Monusco de ce mercredi 9 décembre.

Et de poursuivre :

« Au plus haut niveau, les autorités de la république se sont engagées à mettre sur pied des mécanismes de justice transitionnelle pour faire face aux crimes rapportés dans le Rapport mapping ainsi que d’autres commis intérieurement. Conformément à son mandat, le BCNUDH apportera son concours technique, logistique et financier pour leur mise en œuvre ».

Plaidoyer pour le rapport Mapping

En effet, si le Prix Nobel de la Paix Mukwege salue l’initiative du président de la république, c’est suite à son plaidoyer qu’il mène depuis des années pour l’exhumation du rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC. Ce rapport avait été élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme. Il revient sur les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC) entre mars 1993 et juin 2003.

« Le temps est venu de déterrer le rapport Mapping et de mettre en œuvre ses recommandations car les victimes d'hier et d'aujourd'hui ont droit à la justice, à la vérité, à la réparation et à des garanties de non-répétition face à ces atrocités de masse qui ne devraient laisser personne indifférent et qui doivent susciter des actions fortes tant des autorités congolaises que de la communauté internationale », avait rappelé Mukwege le 17 juillet dernier, à l’occasion de la journée de la Justice Internationale, qui commémore l’adoption du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Depuis des années, Mukwege insiste, dans son plaidoyer, sur le fait qu’on ne pourra enrayer les cycles de violence et construire la paix en RDC sur des fosses communes et sur un déni de vérité et de justice. Ce plaidoyer tourne notamment autour de l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, d’une Commission de la vérité, de programmes de réparation et de garanties de non-répétition, telles qu’un assainissement de nos institutions et une profonde réforme du secteur de la sécurité et de la justice.

A propos de la justice transitionnelle

Elle désigne un ensemble de mesures judiciaires et non judiciaires permettant de remédier au lourd héritage des abus des droits humains dans les sociétés qui sortent d'un conflit armé ou d'un régime autoritaire. 

Le principe est qu’en promouvant la justice, la reconnaissance des victimes et la commémoration des violations passées, on multiplie les chances de la société de revenir à un fonctionnement pacifié et démocratique. Les quatre mesures centrales de la justice transitionnelle (procès, publication de la vérité, réparations et réformes administratives) sont destinées à garantir quatre objectifs : la reconnaissance, la confiance, l'état de droit et à terme la réconciliation.

 Fonseca MANSIANGA