Abus sexuels-Ebola : Julienne Lusenge prête à travailler avec « professionnalisme et engagement »

Photo. Droits tiers

La militante congolaise des droits des femmes, Julienne Lusenge, a été nommée ce 15 octobre, co-présidente de la commission d’enquête indépendante sur les allégations d’abus et d'exploitation sexuels lors de la riposte contre la dixième épidémie d’Ebola à l’Est de la RDC. Contactée par le Desk Femme, elle promet d’exécuter cette tâche de manière efficace.

Depuis Bunia, à l’Est du pays où elle se trouve, Julienne Lusenge a appris la nouvelle de sa nomination. « Je viens aussi de l’apprendre, » dit-elle avec enthousiasme. Et de poursuivre, « Nous allons à présent voir comment nous organiser pour faire ce travail qui nous a été demandé. Cette charge nous a été confiée pour que les femmes (Victimes Ndlr) puissent accéder à la justice. Nous allons le faire avec beaucoup de professionnalisme et d’engagement » dit Julienne Lusenge au Desk Femme de Actualite.CD  

Malgré ses fonctions de présidente du conseil d’administration de Sofepadi et Directrice du Fonds pour les femmes congolaises (FFC), Julienne Lusenge précise que « sa mission première, est de lutter contre toutes formes des violences faites aux femmes. Ainsi, elle ne peut que répondre présente à cet appel de sa mission. »

« Actuellement, il y a encore des allégations, des informations ainsi que des témoignages. Les deux fondations (L’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters) ont fait leur travail pour donner l’information. A présent, la justice doit mener des enquêtes pour établir la vérité, pour que les auteurs soient punis et que les victimes puissent avoir réparation. Nous allons surtout travailler pour que ces actes ne puissent plus se répéter dans le monde humanitaire » assure l’actuelle co-présidente de ladite commission. 

Au sujet de l’engagement du gouvernement congolais à mener des enquêtes et exploiter tous les moyens légaux pour que les auteurs (étrangers ou nationaux) de ces actes soient sanctionnés, Julienne Lusenge propose au gouvernement de « développer une coopération judiciaire avec les pays des auteurs pour qu’ils répondent de leurs actes. Quelque soit l’endroit ou le pays, la justice doit poursuivre les auteurs de ces crimes » a-t-elle martelé.

Julienne Lusenge va co-présider de cette commission avec l’ancienne ministre des affaires étrangères du Niger, Aïchatou Mindaoudou. Cette dernière a occupé de hautes fonctions aux Nations Unies, au Darfour et en Côte d’Ivoire, en tant que Cheffe de l’Opération des Nations Unies (ONUCI).

Pour rappel, le rapport d’une enquête menée par L’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters et publié en fin septembre 2020, révèle plus de 50 cas d'exploitation et d'abus sexuels de la part des employés de l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) et de certaines ONG lors de l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo. Parmi les organisations citées dans ce dossier, il y a notamment, l’UNICEF, Oxfam, Médecins Sans Frontières, World Vision et ALIMA. La majorité de ces femmes ont déclaré que des hommes leur avaient fait des avances, les avaient forcées à avoir des relations sexuelles en échange d'un emploi ou avaient mis fin à leur contrat lorsqu'elles avaient refusé.

Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique avait promis d’agir avec le Directeur général de l’OMS pour que les auteurs de ces actes soient soumis à de lourdes conséquences. Le Canada, à travers son ambassadeur Nicolas Simard avait également recommandé des enquêtes à ce sujet. De son côté, l'équipe Humanitaire Pays (OCHA-RDC) avait appelé toute personne victime à signaler son cas à [email protected] ou à contacter le numéro de téléphone gratuit +243.81.409.1572.

L’ambassadrice et représentant permanent des USA à l’ONU, Kelly Craft s’est prononcée le 06 octobre. Elle a fait savoir les inquiétudes de son pays par rapport à ces allégations. Le Professeur Jean-Jacques Muyembe Tamfum, Coordonnateur de la riposte avait également exprimé son indignation et appelé aux enquêtes.

Prisca Lokale