Ebola-RDC : des travailleurs de l’OMS impliqués dans plus de 50 cas d’abus sexuels entre 2018-2020 (Enquête)

Copyrights. Thomson Reuters Foundation&The New Humanitarian

L’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters ont publié un rapport révélant plus de 50 cas d'exploitation et d'abus sexuels de la part des employés de l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) et de certaines ONG lors de l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo. Cette enquête menée pendant plus d’un an a été rendu public ce 29 septembre.

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Elles étaient cuisinières, femmes de ménage et travailleuses communautaires engagées sur des contrats à court terme, et gagnaient entre 50 et 100 dollars par mois. Parmi les organisations citées dans ce dossier, il y a notamment, l’UNICEF, Oxfam, Médecins Sans Frontières, World Vision et ALIMA. « Par peur de représailles, la plupart de ces femmes se sont exprimées sous couvert d'anonymat . La majorité d'entre elles ont déclaré que des hommes leur avaient fait des avances, les avaient forcées à avoir des relations sexuelles en échange d'un emploi ou avaient mis fin à leur contrat lorsqu'elles avaient refusé », peut-on lire dans ce rapport. 


Au moins 30 cas concernent des hommes se disant employés par l’OMS, 5 (Cinq) femmes évoquent des hommes qui disaient travailler pour World Vision, 3 (Trois) cas  des hommes employés par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). 2 (Deux) femmes ont accusé des hommes qui disaient être des employés de l'organisation médicale ALIMA. Des plaintes individuelles ont été déposées contre des hommes qui affirmaient travailler avec Oxfam, avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et avec Médecins Sans Frontières (MSF).
« Le nombre et la similitude de nombreux témoignages de femmes de la ville de Beni, dans l'Est du pays, laissent penser que cette pratique était très répandue, avec trois organisations promettant d'enquêter sur les allégations », précise l’enquête.


Boissons, pièges et otages

Certaines femmes ont affirmé qu'on leur avait servi des boissons, d'autres auraient été piégées dans des bureaux et des hôpitaux, et certaines auraient été enfermées dans des pièces par des hommes qui leur auraient promis du travail ou les auraient menacées de les renvoyer si elles n'obéissaient pas.
 
L’autre plus grand nombre des victimes concerne le ministère congolais de la Santé. Selon cette enquête, le ministre congolais de la santé, Eteni Longondo, a déclaré qu'il n'avait reçu aucun rapport d'exploitation sexuelle par des travailleurs humanitaires.
"Je demande à toute femme qui a subi ce genre d'abus et d'exploitation sexuels de dénoncer leurs auteurs, car ce n'est pas permis au Congo.Si l'une des personnes concernées par cette affaire est un travailleur de la santé, je m'en occuperai personnellement," a déclaré le ministre Longondo.


Certaines femmes ont déclaré qu'elles envisageaient de déposer une plainte officielle auprès des organisations d'aide, des ONG ou du ministère de la santé. La plupart, cependant, ont expliqué qu'elles voulaient simplement raconter leur histoire pour que d'autres femmes n'aient pas à subir ce genre de comportement.  

Pour rappel, la dixième épidémie d’Ebola aura été la plus meurtrière jusque-là en République Démocratique (RDC). Jusqu’au 24 juin, date de la fin du compte à rebours, l’épidémie qui s’est déclarée pour la première fois dans une région à forte densité démographique (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri) a décimé 2 134 personnes sur les 3 324 cas confirmés, en près de deux ans (du 1er août 2018 au 25 juin 2020). La riposte contre cette épidémie a été aussi difficile que complexe, car confrontée à plusieurs défis : la forte mobilité de la population rendant la surveillance difficile, la présence des groupes armés bloquant les interventions dans certaines zones, la résistance des populations provoquée par des spéculations politiques, la ruée des ONG ou des entraves à la culture des communautés. Le gouvernement a annoncé jeudi 25 juin la fin de la 10ème épidémie d'Ebola à l'est du pays. La 11ème sévit depuis le 1er juin à l'Équateur.

Prisca Lokale