RDC : l’ordre des pharmaciens de Kinshasa interpelle l'Etat quant à la “concurrence déloyale” dans la profession

Un comprimé antipaludéen/Ph ACTUALITE.CD

Le Président provincial de l'ordre des pharmaciens de Kinshasa, Josie Nkongolo a, dans une interview accordée à ACTUALITÉ.CD, fait l'état de lieu de la profession de pharmacien dans la ville de Kinshasa. C'était à l'occasion de la journée mondiale des pharmaciens célébrée le 25 septembre.

Il plaide pour un coup de pouce de l'Etat dans l'exercice de leur profession qui est buté à une concurrence déloyale. 

« Les pharmaciens sont organisés en ordre professionnel. Aujourd'hui, ils sont à plus de 1 200 inscrits dans ce tableau pour une ville de 14 ou 16 millions d'habitants. Ils peuvent couvrir la ville en pharmacie fiable. Mais seulement qu'il y a une concurrence déloyale, il y a une légèreté dans l'application des lois, ce qui fait que économiquement parlant, nous ne sommes pas à même de pouvoir  nous installer. Alors nous demandons l'accompagnement de l'Etat. Cet accompagnement, ce n'est pas l'argent de l'Etat. Nous demandons l'application des lois et des textes que l'Etat doit nous garantir. A l'université, nous avons appris des cours de déontologie, de législation ; à quoi ont servi ces cours s'ils ne s'appliquent pas dans la vraie vie ? », s'interroge-t-il.

Le vrai danger reste au niveau de la distribution des médicaments. 

« Ce qu'on doit améliorer premièrement c'est la distribution des médicaments. Il y a des textes qui régissent comment doivent être distribués les médicaments. D'abord qui doit importer les médicaments ? De ce côté là, on a suffisamment sécurisé. Mais quand les médicaments arrivent ici, qui doit les disponibiliser à la population ? Au niveau de la grande distribution, il y a une certaine légèreté, on laisse à tout le monde. En réalité la liste des clients, des grossistes, devrait venir du ministère de la santé parce que c'est lui qui autorise la vente des médicaments dans le pays. C'est à ce niveau-là qu'on doit pouvoir corriger parce qu'il faut un bon et ce bon de commande doit être signé par un pharmacien et ça va résoudre suffisamment des problèmes », a déclaré Josie Nkongolo.

Et d'ajouter : « Pour ce qui est de la disponibilité des médicaments, nous réfléchissions si nous pouvons rééquilibrer de manière homogène les pharmacies dans la ville de Kinshasa ».

Josie Nkongolo interpelle l'État quant à la sécurisation de la profession.

« Les médicaments ne se vendent pas, ils se dispensent. Penser que celui qui est à la pharmacie (une vraie pharmacie) vend les médicaments, c'est avoir une mauvaise perception de la profession du pharmacien. Il y a : approvisionner une pharmacie, analyser une prescription et délivrer le produit. Bien s'approvisionner, bien dispenser, c'est de loin vendre les médicaments. Quelqu'un qui vend, il prend n'importe où, il réalise le bénéfice ; il regarde d'abord le prix. Mais nous, on ne regarde pas d'abord le prix, on regarde la qualité, on regarde l'efficacité, on regarde le plus petit détail. Il y a des maladies rares qui manquent des médicaments tout simplement parce que les boutiques qui sont à la cité ne veulent pas acheter ces produits parce qu'il n'y a pas de bénéfice. Et ça c'est déjà un problème. Ceux qui souffrent de ces maladies meurent ou n'arrivent pas à se faire soigner. La faute revient aux politiques qui n'ont pas suffisamment mis des mesures en place pour pouvoir sécuriser la profession du pharmacien », a-t-il conclu.

La journée mondiale des pharmaciens et célébrée le 25 septembre de chaque année depuis 2010 sous l'initiative de la Fédération Internationale des Pharmaciens. La journée est organisée aux quatre coins de la planète dans le but d'informer et de sensibiliser sur le rôle et les missions des pharmaciens. Cette année le thème retenu est : "Des médicaments sûrs et efficaces pour tous".

Emmanuel Kuzamba, Stagiaire UNIKIN