Qui en veut à Sindika Dokolo et son épouse - Tribune

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L'analyste politique d'origine congolaise Louise Mabuidi revient sur le dossier Sindika Dokolo et Isabel Dos Santos

Les documents officiels au niveau du bureau fédéral américain, mettent en lumière le rôle joué Squire Patton Boggs (SPB), un cabinet d’avocat américain dans les pressions du pouvoir angolais contre l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo et sa femme Isabel Dos Santos, l’une des femmes riches d’Afrique et fille de l’ancien président José Eduardo Dos Santos. 

Alors qu’éclatait l’affaire “Luanda Leaks” en décembre 2019, Isabel Dos Santos, affirmait dans une interview au site belge La Libre Afrique «que depuis plusieurs mois l’Angola exerce une pression diplomatique et politique énorme pour essayer d’obtenir des mesures visant à mettre en difficulté» ses investissements. 

Dans une interview, à la DW, Sindika Dokolo, l’époux d’Isabel dos Santos, a réfuté les accusations qui visent le couple. "Si on devait de l’argent à des entreprises publiques, il y aurait des contrats qui le stipuleraient. Si on ne produit pas de contrats c’est qu’il n’existe rien. On essaie de fabriquer des choses légalement pour mettre à mort le premier groupe économique privé de l’Angola sous prétexte qu’il ne correspond pas aux accointances politiques actuelles", clamait l’homme d’affaires congolais et collectionneur d’art. La mise en difficulté du couple Dokolo est l’un des fruits du lobbying de SPB, cabinet d’avocat américain. En 2019, quelques mois avant l’affaire Luanda Leaks, «le cabinet d’avocat américain Squire Patton Boggs basé à Washington DC aux USA a obtenu un contrat de 4,1 millions $ US avec le gouvernement angolais pour promouvoir les intérêts nationaux angolais. Mais, SPB n’a jamais produit des avis juridiques au gouvernement angolais. Cet argent était destiné à constituer un lobby pour exercer des pressions et influencer des officiels américains et étrangers pour promouvoir les efforts du gouvernement angolais qui cherchait à traduire en justice l’ancien président Dos Santos ou des membres de sa famille», confie une source proche du dossier. 

Pendant sa campagne, SPB “a approché 320 officiels américains pour promouvoir la vision que les nouveaux gouvernants angolais ont voulu mettre en avant”.

Dans son lobbying pour le pouvoir angolais, le cabinet SPB a recouru aux services d’un conglomérat dont la famille propriétaire est également celle de Dominio au service de Manuel Vincente, ancien vice-président angolais. Isabel Dos Santos, qui a réfuté toutes les charges accusations affirme que c’est l’actuel président angolais João Lourenço qui veut obtenir sa tête en utilisant “la même technique de pressions et de menaces sur le Portugal que celle qu’il avait utilisée à l’époque pour tirer des griffes de la justice portugaise Manuel Vicente”, ancien président de l’Angola. 

La femme de Sindika Dokolo soutient que l’ancien président a joué un rôle clé dans l’histoire de la corruption en Angola. Manuel Vincente avait réussi à soudoyer un juge portugais pour obtenir une décision clémente.  Ce juge purge une peine de six ans de prison, alors que Manuel Vicente a eu la possibilité de voir son procès transféré en Angola où il est classé sans suite.  Vicente est aujourd’hui conseiller spécial du président angolais João Lourenço.

A part la famille de l’ancien président angolais José Eduardo Dos Santos et ses proches, les poursuites de l’actuel pouvoir en Angola ne visent pas d’autres officiels. Alors que le président João Lourenço devait rendre la justice équitable pour tous, au risque de consolider l’image qu’il est en fait dans un règlement de compte avec son prédécesseur Dos Santos.