L’ODEP dénonce la « cacophonie des chiffres » sur les dépenses liées aux sauts-de-mouton et demande à Tshisekedi de saisir l’IGF

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Dans un communiqué publié lundi,  l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) est revenue sur les différents chiffres avancés par divers membres de l’exécutif national sur le programme d’urgence de Félix Tshisekedi. L’ONG constate une « cacophonie des chiffres » qui traduit selon elle, « l’absence de planification, le caractère extrabudgétaire et improvisé du programme de 100 jours ». Elle demande au Président de la République « de saisir en urgence l’inspection générale des finances, qui est sous sa tutelle, pour une mission d’audit sur la gestion des fonds alloués au travaux de construction de sauts-de-mouton et du programme de 100 jours en général ».

Elle fait remarquer que selon Jean Baudouin Mayo, le budget du projet de sauts-de-mouton pour la ville de Kinshasa est évalué à 46 millions de dollars américains et le solde pour terminer tous les travaux s’évaluent à 13 millions de dollars américains, soit un taux d’exécution de travaux de 55%. Le vice-premier ministre chargé du budget, avait annoncé également que « dans le souci de parachever les travaux d’ici le mois de juin, le gouvernement a débloqué le samedi 8 février 3,5 millions UDS, dont les bénéficiaires sont l’Office de Voirie et Drainage (OVD) et l’Office des Routes (OR) ».

De son côté, l’ODEP note que le Budget initiale de construction de 9 sites de sauts-de-mouton, élaboré le 27 février 2019 et présenté lors de lancement du programme de 100 jours, dans la commune de Limete, est de 22.500.000 millions USD. Elle rappelle aussi que dans ce document, il avait été prévu le décaissement en deux tranches : 7.500.000 USD comme premier acompte et 15.000.000 USD en second lieu. 

L’ONG rapporte aussi que « le 26 janvier 2020, le Directeur de Cabinet du Président de la République, sur Radio Top Congo, a souligné que le budget des sauts-de-mouton était de 45 millions USD. Le même montant a été confirmé quelques jours après par les sévices du Ministère des finances. Dans ce tableau synthèse, il est indiqué que sur 45 millions USD, 21 millions de dollars ont été décaissé, soit 41,18%. Et maintenant, on nous parle d’un budget de 46 millions USD et qu’il resterait 13 millions USD pour parachever les travaux ».

L’organisation rappelle que « ces mouvements des fonds publics sans autorisation préalable du Parlement violent la loi relative aux finances ». Elle fait remarquer que si le gouvernement a déjà décaissé 21 millions USD sur le budget de 46 millions USD, il en resterait que 25 millions USD, à compléter pour le parachèvement des travaux et non 13 millions USD, comme l’annonce le Vice-Premier Ministre et Ministre du Budget. 

« Signalons que notre monitoring avait relevé un décaissement en faveur de ce projet à environ 19 731 987,2 USD (Mars-Septembre 2019). Comment peut-on encore donner de l’argent à ceux, dont la gestion a démontré des limites et a enfoncé davantage la mise du peuple », s’interroge l’ODEP.

Pour le contexte, une instruction judiciaire a été ouverte le 8 février au bureau de Adler Kisula Betika Yeye, Procureur Général près la Cour d'appel de Kinshasa/Matete aux fins d’investiguer sur l’exécution des travaux publics (construction des sauts-de-mouton, construction des logements sociaux et autres) inscrits dans le programme d’urgence de 100 jours initié par Félix Tshisekedi.