Kinshasa : la rentrée littéraire se conjugue aussi au féminin!

Kinshasa : la rentrée littéraire se conjugue aussi au féminin!

Le grand marché littéraire s’est clôturé ce 15 septembre sur la place des artistes à Kinshasa. Pendant  quatre jours , poètes, slameurs, écrivains, bouquinistes, et libraires ont pu exposer différentes oeuvres aux potentiels visiteurs. Samedi 14, l'espace “Écrire au Féminin” a été consacré aux femmes écrivaines pour présenter et discuter de leurs oeuvres avec le public.

 

Kinshasa : la rentrée littéraire se conjugue aussi au féminin!

 

Devant un public d’environ cinquante personnes,  les autrices, Yolande Elebe et Maggy Bizwaza ont parlé de leurs domaines de prédilection, du plus grand exploit réalisé et des difficultés auxquelles elles sont butées en tant qu’ écrivaines. Yolande Elebe autrice du Bictari, a choisi “la femme” comme noyau de ses productions. Pour expliquer ce penchant, elle évoque le contexte d’une société où la femme est contrainte à se taire pour préserver son statut et le bien-être de sa famille. 

Dans mes romans, j'ai abordé des sujets tels que la stérilité, le veuvage et ses conséquences, l’inceste. Mon franc parler m’a souvent valu des problèmes et des contestations” explique l’autrice qui donne l’exemple du verbe sucer employer dans son texte “Mon cousin”. Les gens ont réagi. Ils voulaient en fait que j'emploie des synonymes alors que c'était le mot approprié pour raconter une histoire d’inceste. Je ne culpabilise pas lorsqu’il s’agit de pousser la femme à s’exprimer à propos de ce qui la fait souffrir. Je me suis transformée en une militante pour le droit de la femme,”souligne Yolande Elebe tout en poursuivant " beaucoup de femmes écrivent, mais ces écrits restent dans les tiroirs parce qu’elles ne veulent pas se dévoiler. Le poids de toute la société, de la famille, de l'éducation des enfants pèse sur elle. A chaque fois que la femme ouvre sa bouche pour parler, ce poids l'oblige à penser aux conséquences de chacune de ses phrases.Meme lorsqu’il s’agit des sujets tabous, des sujets dont elle est victime, la femme est obligée de se taire afin de préserver le statut de la femme parfaite, d'une société parfaite. Un ensemble de raisons que la société n’oblige pas à l'homme.

Maggy Bizwaza, ancienne étudiante de l'Université de Kinshasa a vécu l'entrée de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération (Afdl) en 1997 ainsi que quelques troubles qui ont bouleversé l'enseignement pendant cette période. Elle a donc choisi la société comme domaine de prédilection.“Je produis des romans de société. Pas de prédilection pour les femmes alors qu'elles sont actrices principales de mes deux premiers romans. Je parle des situations qui  se déroulent dans la société. J'ai pris l'exemple d'un politicien qui va manipuler tout un village dans le but de satisfaire ses propres intérêts. J'ai accepté d'écrire pour faire comprendre l'origine d'un phénomène et proposer des solutions.

Kinshasa : la rentrée littéraire se conjugue aussi au féminin!

 

Par ailleurs, les deux femmes ont évoqué des difficultés d'ordre financières et matérielles relatives à la multiplication et  la distribution de leurs romans. 

Bernadette Kamango, une autre écrivaine congolaise qui a également participé à cette activité revient sur la difficulté pour l'écrivaine congolaise de se faire une place dans la culture de son pays. “Il y a beaucoup d'écrivaines en RDC mais qui ne sont pas encore placées au centre des préoccupations de la politique culturelle de notre pays. C'est aussi le cas avec cette grande rencontre, il n'y a eu que les hommes qui ont défilé sur le podium pour pouvoir faire leurs exposés depuis le début. Et pour ce samedi, un maximum de deux heures a été accordé aux femmes alors que la manifestation s'étale sur 4 jours,”  déplore  Bernadette Kamango.

Des livres, des romans, des poèmes, des revues scientifiques, différentes oeuvres littéraires ont été vendues sur la place des artistes dans le but de promouvoir la culture littéraire dans la capitale congolaise.

Prisca Lokale