Tanganyika : L’Unicef vient en aide à une cinquantaine d’enfants non accompagnés et associés aux groupes armés à Kikumbe

Ph. ACTAULITE.CD

Le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (Unicef) prend actuellement en charge une  cinquantaine d’enfants non accompagnés (ENA) ou associés aux groupes armés au camp des déplacés de Kikumba, dans la province du Tanganyika. Cette agence onusienne assiste ces enfants sur le plan médical et éducationnel en vue de permettre leur réinsertion sociale. 

Dans le but d’atteindre plusieurs enfant, l’Unicef travaille en collaboration avec l’Organisation Transculturelle et Psychosociale (TPO, en Anglais Ndlr) dans la campagne de mobilisation sur les droits des enfants.

 Pascaline Shabani, 15 ans, l’une des bénéficiaires des services de l’Unicef au camp Kikumbe, a été enlevée par le groupe armé. Elle raconte le calvaire vécu aux côtés de ses ravisseurs.

 « J’étais allée puiser de l’eau à la source quand soudain les miliciens nous ont attrapées. Ils nous ont lavé l’eau magique (initiation) et nous amené avec eux dans leur camp. Notre rôle c’était de faire pour eux des ménages et la lessive. Comme je travaillais pour eux, j’étais devenue leur femme.  Un jour, ils ont décidé d’aller au front et c’est en ce moment-là que nous nous sommes sauvées. Arrivé en route, on ne reconnaissait plus rien puisque les miliciens avait brûlé tout de notre village. Tout le monde avait fui pour rejoindre le camp de Kikumbe. Chemin faisant, on a commencé à demander la direction pour le camp Kikumbe. Quand nous sommes arrivées ici au camp, on nous a orientées vers la famille. Ma famille a d’abord eu peur de moi puisqu’ils pensaient peut-être que j’étais déjà décédée ou j’avais disparu. Je demande à tous les enfants de quitter la milice. Ici, nous sommes pris en charge par l’Unicef et TPO.  Ils nous ont appris que le droit de l’enfant ce n’est pas dans les groupes armés mais c’est à l’école. »,a-t-elle raconté.

Le camp Kikumbe est le deuxième grand site avec au moins 13.000 déplacés pris en charge par l’Organisation Internationale de Migration (OIM). Cette organisation humanitaire met plusieurs programmes dans différents secteurs notamment le secteur Abris, le secteur Wash (Eau, hygiène et assainissement), le secteur protection sans compter le suivi des mouvements de la population. Elle travaille avec 12 comités composés des déplacés Bantu et Twa pour atteindre ses objectifs et faire régner l’ordre.

Depuis le milieu de l’année 2016, la province de Tanganyika est victime de la résurgence des conflits intercommunautaires entres les ethnies de la communauté Bantu et les Pygmées d’origine Twa ayant causé au moins 150 morts selon les sources officielles. Au-delà des tensions interethniques, cette partie Sud-Est de la RDC souffre également de conflit due l'exploitation illégale de ressources naturelles, de conflits fonciers ainsi que la faiblesse d’institutions étatiques. Ce qui conduit au déplacement massif de la population. Selon le dernier chiffre de Commission provinciale des mouvements de population (CMP) 510.434 ont quitté leurs villages en juin 2019. Le territoire de Kalemie est le plus touché par cette vague de déplacement avec 98 602 personnes déplacées.

Auguy Mudiayi, de retour de Kalemie