Erreurs matérielles : « J'ai été victime de corruption, ils ont vendu mon siège sans me consulter », s’alarme Prince Mundenga

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Prince Mundenga, député national invalidé par la Cour constitutionnelle, indique qu'il est victime de corruption mais compte aller siéger à l'Assemblée nationale malgré la décision de la Cour. Dans un entretien avec ACTUALITE.CD ce mardi à Goma, le seul élu à « mobilité réduite », élu de la liste de l'Alliance pour la transformation intégrale du Congo (ATIC), réitère son soutien aux députés qui sont dans le même cas que lui et qui ont décidé d'observer un sit in devant la haute cour. Prince Mundenga appelle, par ailleurs, le président de la République à veiller au respect des personnes vivant avec handicap.

Comment vous sentez-vous après votre invalidation par la Cour constitutionnelle ?

Personnellement, je n'ai pas encore bien digéré la nouvelle de mon invalidation. Je suis comme une personne qui a acheté une parcelle à qui on vient de dire que la parcelle appartient à quelqu'un d'autre. Pour le moment, je me considère comme député national. Comment la Cour qui m'a validé et m'a notifié peut se dédire. Je suis victime de la corruption. Même mon regroupement m'a abandonné. Ce n'est pas que je n'ai pas été élu pour que je sois invalidé. J'ai même eu plus de voix que mon adversaire [Patrick Munyomo]. Je le dépasse avec plus de 1000 voix. Mais on m'invalide en passant par mon regroupement politique (ATIC) qui a déposé une lettre de désistement à la Cour sans même me consulter. Ils ont donc touché à la corruption pour vendre mon siège. Je prie mon Dieu pour que mes pleurs soient écoutés. S'ils ne vont pas m'écouter, je serai obligé d'aller à l'hémicycle. S'ils vont me tuer là devant le perchoir, j'accepterai de mourir pour la cause noble.

Comment cela est-il arrivé alors qu'on a appris que vous aviez le soutien d'une de grandes personnalités de ce pays ?

Je confirme ici que j'ai eu l'appui de l'ex-première dame de la RDC, Mme Olive Lembe. J'ai fait appel à elle quand j'ai constaté que mes détracteurs commençaient à utiliser plus de l'influence. Ils ont trouvé qu'il n'avait pas raison devant les juges. C'est ainsi que je commençais à recevoir des appels de tout bord. J'ai même été appelé par l'autorité morale de l'AFDC [Bahati Lukwebo] qui m'a proposé une grosse somme d'argent. J'avais refusé et ils m'ont fait voir que je serai perdant. Quand j'ai constaté qu'ils avaient aussi l'appui du chef de l'État Félix Tshisekedi, j'ai recouru à Maman Olive Lembe. C'est une femme qui aide beaucoup de gens dans ce pays notamment les marginalisés, les personnes vivant avec handicap, les orphelins et autres démunis. C'est ainsi que j'ai fait recours à elle.

Si on vous demandait à ces propos de vous adresser au chef de l'État, qu'est-ce que vous lui diriez ?

Ce qui me fait très mal, c'est que le slogan du président Félix Tshisekedi "le peuple d'abord" ne prend apparemment pas en compte les personnes vivant avec handicap. C'est comme si le président soutient les valides au détriment des personnes vivant avec handicap. Quelle est l'importance de l’article 49 de la constitution ? Aucune protection ne nous est garantie. Les dirigeants actuels veulent que nous restions dans la mendicité. Je crierai sur tous les toits du monde pour confirmer qu'en RDC, les personnes vivant avec handicap n'ont pas de droits. Et, puis, dois-je rappeler ici que je suis handicapé physique et non mental ? Le problème, c'est que des handicapés mentaux sont présents dans des institutions du pays. Que le président de la République veille à la protection des personnes vivant avec handicap.

Il y a vos collègues qui sont dans le même cas que vous qui manifestent à Kinshasa, est-ce que vous les soutenez ? 

J'ai personnellement vécu des scènes de corruption à Kinshasa. Si ça continue ainsi, je ne sais pas ce que deviendra ce pays demain. Parce qu'on ne saura pas attaquer les gens de basse classe pour corruption alors qu'elle règne en maître aux instances supérieures du pays. Je suis de cœur avec les collègues qui manifestent à Kinshasa devant la Cour pour dénoncer cette invalidation injuste. Je me prépare aussi pour réunir toutes les personnes vivant avec handicap à Goma. Je vais leur parler de ce qui s'est passé. Il faut que je leur dise que c'est le président de la République qui m'a invalidé parce qu'il a soutenu ces autres-là dont mon adversaire. Après, nous allons organiser un jeûne. Puis je vais tenir un meeting au stade Afya pour dire à toute la population ce qui a fait à ce que je sois invalidé. Je suis prêt à mourir pour mes droits. Et quand on dit avoir mis en place une chambre spéciale pour les législatives, pourquoi ça n'a pas été le cas pour l'élection présidentielle ? Je n'ai pas encore accepté que je suis invalidé. J'irai à Kinshasa pour siéger parce que c'est comme si j'ai fait un rêve de cette invalidation.

Quel message adressez-vous à vos électeurs ?

J'appelle ma base au calme. Je ne veux pas que mes militants puissent organiser des marches. Je suis leader. Je ne peux pas laisser mes militants aller mourir. Mieux vaut que je meure.

Propos recueillis par Jonathan Kombi