Ebola en RDC : 132 attaques contre les formations sanitaires en 9 mois, 4 morts et 38 blessés

Une équipe d'agents de la riposte procède à l'enterrement sécurisée d'une personne probablement morte d'Ebola / Ph. Droits tiers

Au total, 4 malades ou agents de santé engagés dans la riposte contre l'épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola ont été tués et 38 autres blessés au cours de 132 attaques contre les structures médicales, ces neuf derniers mois, dans deux provinces de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué jeudi soir l'autorité sanitaire congolaise.

"Entre le 1er août 2018 et le 20 mai 2019, 132 attaques contre des formations sanitaires ont été enregistrées dans le cadre de l’épidémie d’Ebola, causant 4 morts et 38 blessés parmi les agents de santé et les patients", souligne le ministère de la Santé dans un communiqué.

"Cette violence contre les agents de santé doit être condamnée sans réserve et il faut faire une distinction claire entre engagement communautaire et violence ciblée par des milices armées", écrit le ministère de la Santé.

Faire un lien entre les deux équivaut à "stigmatiser l’entièreté des communautés affectées, les présentant comme des communautés profondément violentes, et blâmer les agents de santé qui sont les premières victimes de cette violence ciblée", souligne encore la même source.

En date du 22 mai, l'épidémie, partie de la province du Nord-Kivu avant de toucher l'Ituri, avait déjà fait 1 246 morts dont 1 160 parmi les 1789 cas confirmés, selon un décompte officiel.

Un tiers des malades sont des enfants, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le directeur général, le Dr Tedros Adhanom, considère l'actuelle épidémie d'Ebola comme l'"ennemi public numéro 1".

Sur son site, cette agence de l’ONU maintient que le risque de propagation dans d'autres provinces de l'est du pays  ainsi que dans les pays voisins, reste "très élevé".

Le plus grand défis pour cette épidémie est complexe : les communautés locales sont dans un déni de maladie.  

Elles sont méfiantes vis-à-vis des agents déployés par Kinshasa et l'OMS pour riposter contre l'épidémie,  qu'elles considèrent comme étant une invention occidentale pour exterminer les populations de la région.

Cette méfiance attise les milices locales qui s'attaquent désormais aux structures sanitaires.

Cette violence a déjà poussé plusieurs médecins et infirmiers des territoires de Beni et Lubero (Nord-Kivu) à déménager ou quitter temporairement leurs habitations, forçant ainsi certaines structures sanitaires à fermer leurs portes.

"C’est notamment le cas dans la zone de santé de Kyondo où les activités sont suspendues au centre de santé de référence de Kyakumba depuis le mardi 21 mai 2019 et depuis que le médecin traitant et l’infirmier titulaire ont quitté la zone craignant pour leur sécurité.", explique le ministère.

Dans un communiqué diffusé jeudi à la mi-journée, les infirmiers de la zone de santé de Musienene, au Nord-Kivu, ont dénoncé les "menaces de mort et de destruction" des structures sanitaires qu'ils reçoivent ces derniers jours en raison de leur rôle dans la riposte contre Ebola. Ils ont menacé de faire une "grève sèche" si les menaces ne cessent pas.

L'actuelle épidémie d'Ebola est la plus meurtrière enregistrée sur le territoire congolais depuis la découverte du Virus Ebola en 1976, en RDC. Le pays en est à sa dixième épidémie.

Christine Tshibuyi