Ebola/RDC : Reprise partielle des activités de riposte à Butembo après un week-end tendu

Vaccination contre Ebola

Les activités de riposte contre la maladie à virus Ebola ont repris, ce dimanche 5 mai, à Butembo, au Nord-Kivu, où elles ont été suspendues après des altercations meurtrières entre les équipes médicales et des conducteurs de taxi-motos en colère. Au moins  deux personnes sont mortes par balles lors des affrontements sur fond d'une méfiance des conducteurs envers les agents de santé.

Les activités de riposte ont été temporairement paralysées à Butembo et dans les zones de santé voisines, samedi, suite à une manifestation des conducteurs de taxi-motos qui avaient placé des barricades en bois sur les artères routières principales de la ville de Butembo.

"Les manifestants s’en sont également pris aux dispositifs de lavage de mains placés à travers la ville", affirme le ministère de la Santé dans un communiqué parvenu ce soir à ACTUALITE.CD.

La tension a débuté, vendredi, dans cette ville lorsque les équipes d’enterrements dignes et sécurisés (EDS) de la protection civile du Nord-Kivu ont été appelées pour effectuer l’EDS d’une femme vivant à Katwa, récemment décédée d’Ebola.

"A la fin de l’EDS, une altercation serait survenue après que des motards avaient tenté d’agresser les équipes EDS et leur escorte de sécurité. Deux motards ont été blessés par balle et sont décédés", explique le ministère, indiquant qu'une "enquête est en cours."

Pour apaiser les tensions, le président de l’Association des conducteurs de taxi-motos (ATAMOV)  et les chefs coutumiers ont échangé avec les motards. "Ils leur ont demandé de ne pas entraver le travail des équipes de riposte", d'après le compte rendu officiel.

Ville de plus d'un million d'habitants, Butembo est le principal foyer de l'épidémie à ce jour.  A elle seule et Katwa [ une de ses zones de santé ] , Butembo a déjà rapporté 534 décès parmi les 1 029 décès recensés depuis le début de l'épidémie le 1er août 2018.     

Cette ville est aussi le plus grand foyer de résistance et de méfiance d'une frange de la population envers  les équipes de riposte.  

Le 19 avril dernier, un médecin camerounais déployé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l’épidémiologiste Richard Mouzoko Kibound, pour participer à la riposte, dans la ville de Butembo, a été tué, lors d'un assaut des miliciens contre les cliniques universitaires

L'épidémie avait été déclarée dans la province du Nord-Kivu avant de toucher l'Ituri voisine. L'OMS a récemment anticipé un scénario de transmission "continue et intense" du virus dans la région.

Christine Tshibuyi