L’insécurité a refait surface dans la ville de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, où au moins six personnes ont été tuées la semaine dernière par des inconnus.
Faits
Deux jeunes garçons ont été tués, lundi dernier, l’un poignardé et l’autre brûlé vif par des inconnus au quartier Mudzi Pela. Le même jour, le corps d’une étudiante de l'Institut supérieur pédagogique (ISP)/Bunia a été découvert dans un chantier, toujours au quartier Mudzi Pela.
Deux jours plus tard, soit mercredi, le corps d'un homme a été retrouvé dans la rivière Ngezi, au quartier Bankoko, tandis que, le même jour, c’est un jeune garçon qui a été retrouvé mort après avoir été battu par des inconnus au quartier Simbiliabo. Le vendredi 26 avril, un autre corps d'une fillette a été découvert au bord de la rivière Ngezi.
La société civile de l’Ituri appelle les autorités à prendre en main la responsabilité de sécuriser la population et les invite à mener des enquêtes sur les meurtres enregistrés dans la ville.
" Face à cette situation, la société civile recommande aux opérateurs sécuritaires et judiciaires de mener des enquêtes sur ces dossiers pour identifier les auteurs directs et indirects de ces tueries et de renforcer la sécurité de la population et leurs biens", indique Mugisa Justin, secrétaire de la société civile de l’Ituri.
La société évoque aussi la commercialisation des boissons fortement alcoolisées comme l’une des raisons de la flambée de l’insécurité dans la ville de Bunia et plaide pour son interdiction.
Les autorités indexées
Le député national Gratien Iracan justifie la montée de l’insécurité dans la ville notamment par “manque de leadership” au sein du comité provincial de sécurité. Il note également une mauvaise collaboration entre l’armée, la police, l’ANR et le gouverneur de province.
“Il y a le problème de leadership du comité provincial de sécurité. Il n’y a pas une bonne coordination entre le gouverneur ad intérim, le commissaire provincial de la police, l’armée mais aussi l’ANR (Agence nationale de renseignements). Ces gens travaillent différemment, chacun a tendance à s’imposer et on ne sait pas coordonner l’affaire ensemble. Il se passe aussi des histoires bizarres au sein de la police, on ne sait pas comprendre. Le commissaire de la police (Ndlr : le général Henri Kapend) était absent pendant un mois, il y a des rumeurs qui faisaient état de sa mutation. Il est parti à Lubumbashi pour un mois, puis il revient on ne sent pas qu’il contrôle réellement toute la situation. Parlant des patrouilles, ce sont des policiers qui accusent plusieurs mois des salaires qui les assurent. Ces policiers ont été recrutés pratiquement pour sécuriser les élections, ils sont en train de faire les patrouilles sans motivation. Il faut aussi ajouter à cela, les moyens logistiques qui posent problèmes avec notamment le manque de carburant. Il y a un désordre total au sein de la police, et le résultat sur le terrain le montre également”, a dit à ACTUALITE.CD, l’élu de Bunia.
“Je vais convoquer une réunion”
Le gouverneur intérimaire de l’Ituri, Pacifique Keta, annonce, sans en donner de date, une réunion de sécurité.
"Je vais convoquer une réunion du comité provincial de sécurité le plus tôt possible pour qu'on puisse trouver certaines mesures pour contrôler la situation sécuritaire dans la ville. La sécurité c'est l'affaire de tout le monde. Nous avons déjà organisé plusieurs séminaires par rapport aux comités locaux de sécurité. La personne qui a certaines informations ou qui suspecte certains malfrats doit collaborer avec l'Etat congolais, l'armée et la police pour mettre hors d'état de nuire ces inciviques. Des boissons fortement alcoolisées seront toujours incinérés et des instructions fermes sont déjà mises en place dans des postes frontaliers pour l'interdiction d'importation de ces boissons", a expliqué M. Keta.
En juin de l’année dernière, l’insécurité à Bunia était caractérisée par des cas de kidnapping et des tueries. La police avait alors arrêté et présenté au public certains suspects qu’elle devait déférer devant les instances judiciaires. La suite n’a jamais été connue.
Franck Asante