Après une tournée euro-américaine entamée en mars dernier, le grand perdant de la présidentielle du 30 décembre 2018 a regagné Kinshasa, ce dimanche 28 avril. Lors d'un meeting à la place Sainte-Thérèse de Ndjili, Martin Fayulu a demandé au président Félix Tshisekedi, dont il conteste toujours la légitimité, de "rendre public" le contenu de l'accord conclu avec son prédécesseur, Joseph Kabila.
Les deux regroupements unis par le sort avaient signé un accord de "coalition politique" et de "partage de pouvoir".
Un texte qui n'a jamais été publié. Arrivé deuxième à la présidentielle avec 34 %, selon les résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Martin Fayulu n'a jamais digéré sa défaite.
Et face à des milliers de partisans et militants de la coalition Lamuka à la place Sainte-Thérèse, il a accordé plus de temps à critiquer Tshisekedi et son "partenaire" Joseph Kabila.
Aux yeux de Fayulu, Tshisekedi a "vendu" le pays à Joseph Kabila, son prédécesseur. Il a affirmé être revenu au pays pour demander à Tshisekedi de "démissionner" de son poste de président de la République.
Car, selon lui, Tshisekedi a été "nommé" par Joseph Kabila qui "était venu déstabiliser" le pays. Les Occidentaux ont pris acte des résultats "parce que le peuple n’avait pas manifesté à la suite de la proclamation de la Cour constitutionnelle", selon Fayulu.
"N'attendez plus un mot d'ordre (...). Vous, peuple, vous êtes plus fort que n'importe quelle armée au monde. Au Soudan et en Algérie, le peuple a obtenu le départ des dirigeants. Ici, on doit faire la même chose contre Kabila et Tshisekedi", a-t-il déclaré annonçant de "grandes actions" dans les prochains jours sur l'ensemble du territoire national et dans la diaspora.
Pour intensifier la mobilisation, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi Chapwe et Antipas Mbusa Nyamwisi "vont rentrer en République Démocratique du Congo", a-t-il ajouté.
Martin Fayulu a également apporté son soutien au sit-in annoncé par l'Apareco de Honoré Ngbanda devant le siège de l'Union européenne, le 10 mai prochain.
Investi le 24 janvier, le président Tshisekedi n'a pas encore nommé de Premier ministre ni de gouvernement, ce que Fayulu a critiqué, comparant le président en poste à un "placebo".
Dans sa projection, Fayulu se voit encourager par la dernière mobilisation citoyenne au Soudan et en Algérie.
"Est-ce que les Algériens nous dépassent dans la mobilisation ? Nos frères d'Algérie nous dépassent-ils ? Bouteflika a passé beaucoup d'années au pouvoir, il a fini comment ? ", s'est-il interrogé.
M. Fayulu a regagné la RDC au lendemain d'une réunion de deux jours, des six leaders de Lamuka. Lui, Moïse Katumbi, Freddy Matungulu, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Antipas Mbusa Nyamwisi ont converti leur coalition électorale en plateforme politique. Avec une présidence tournante pour une durée de trois mois. La première sera assurée par Moïse Katumbi, exilé depuis 2016 en Belgique.
Christine Tshibuyi, Auguy Mudiayi et Berith Yakitenge