Législatives - RDC : Couacs, miliciens et rumeurs... retour sur une journée de vote sans violences dans deux zones de conflit

Un électeur en pleine opération de vote  / Ph. ACTUALITE.CD

Les élections législatives partielles se sont déroulées, ce dimanche 31 mars, "sans incident majeur" à Yumbi (Maï-Ndombe), dans la ville de Butembo et le territoire de Beni (Nord-Kivu), dans l'est de la République  démocratique du Congo (RDC) où les combattants de groupes armés locaux ont été mis à contribution dans la sécurisation des bureaux de vote et des matériels électoraux.

Ouverts à 6h, les bureaux de vote dans le territoire de Yumbi, la ville de Butembo et le territoire de Beni ont fermé onze heures après, à 17h.   

Tous les 2 229 bureaux de vote ont ouvert, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI). 

Des couacs, mais "tout s'est bien passé"

Les scrutins pour élire 15 députés nationaux et 15 autres pour les assemblées provinciales du Nord-Kivu et de Mai-Ndombe ont, par ailleurs, été émaillés des dysfonctionnements des machines à voter, selon la mission d'observation de la Synergie des missions d'observation citoyenne des élections (SYMOCEL).

Intervenant sur les ondes de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), le  président de la CENI, Corneille Nangaa, a reconnu ces couacs tout en les ramenant autour de 1 %.

Incluant "des bourrages, des plantages de machines et des impressions de logiciels", ces problèmes techniques ont été pris en charge par les agents électoraux, selon Nangaa.

"Tout s'est bien passé sans incident majeur, aucune attaque armée contre nos agents ni les bureaux de vote", a affirmé Jean-Pierre Kalamba, rapporteur de la Ceni.   

Des miliciens pour sécuriser les bureaux de vote  

Si les Forces armées de la RDC (FARDC) et la police ont quadrillé les villes de Butembi, Beni et d'autres localités sous leur contrôle, les miliciens des groupes armés d'autodéfense ont pris le devant de la scène dans d'autres coins du territoire de Beni.

Dans les localités de Mabuku, Lisasa, Pabuka, Mambingi, Kanyatsi, Mandiba, Kyavisogho, Mambali et Kalunguta, les groupes armés ont été mis à contribution et profit dans la sécurisation des bureaux de vote, selon la société civile.  

Traqués depuis des dizaines d'années par les forces gouvernementales, ces miliciens ont été mis à contribution car "ne pouvant pas supporter la présence de la police et de l'armée", a déclaré à ACTUALITE.CD, Emmanuel Kazadi, qui a supervisé les observateurs de la SYMOCEL dans le territoire de Beni.

"C'est la réalité du terrain", a ajouté l'observateur pour qui "cela ne pourrait pas entamer la crédibilité du vote" dans la mesure où les citoyens ont eu accès à un vote "libre et secret".

Le vote a, par contre, été perturbé dans les localités de Mukakati et Takibombo, à Beni. Plusieurs habitants se sont déplacés à Nobili et Kamango suite à une rumeur qui évoquait une éventuelle attaque des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF).

Au total, 1.257.636 électeurs dont 677.185 à Beni-territoire, 182.877 électeurs à Beni-ville, 330.612 à Butembo-ville et 66.962 électeurs à Yumbi étaient attendus pour ces élections mais le taux de participation sera faible.

De plus, ces scrutins ne représentent pas un grand enjeu après la présidentielle remportée par Félix Tshisekedi ou encore les législatives nationales, provinciales et les sénatoriales remportées par le Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de l'ex-président Joseph Kabila.

La peur au ventre

Le dépouillement des résultats a commencé avant 18 heures, ont constaté les correspondants d'ACTUALITE.CD.  

Dans sa ronde, Yassin Kombi, correspondant d’ACTUALITE.CD à Beni, s’est notamment rendu au centre de Mabambila, au quartier Boikene, où les habitants ont l'habitude d'abandonner leurs maisons pour passer la nuit au centre-ville à cause des incursions répétées des combattants ADF.

Il en est de même pour les observateurs, agents de la Ceni et témoins qui avaient la peur au ventre malgré la présence des forces de sécurité gouvernementale.

Les 15 députés nationaux élus ce dimanche devront rejoindre les 485 autres élus le 30 décembre dernier et qui siègent depuis près de deux mois à l'Assemblée nationale.  

Christine Tshibuyi