Nord-Kivu : la résurgence de l'activisme des ADF à Lubero et Beni à la base de milliers de déplacements, dans que le risque de nouvelles violences reste assez élevé à Walikale

Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)
Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)

Alors que l'Est de la République Démocratique du Congo fait face à l'agression rwandaise via la rébellion de l'AFC/M23, la résurgence de l'activisme des Forces démocratiques alliées (ADF) semble replonger la partie orientale du pays dans un nouveau cycle des violences et des conséquences néfastes sur la population.

Dans son rapport couvrant la période du 1er au 31 juillet 2025, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a révélé que les opérations militaires conjointes menées par les Forces armées congolaises (FARDC) et ougandaises (UPDF) contre des groupes Maï-Maï se sont poursuivies dans plusieurs villages du nord-ouest de Lubero. Ces opérations ont contraint plusieurs ménages à fuir vers Musienene, Vuyinga et la ville de Butembo.

"Le nombre de personnes déplacées reste encore inconnu. Le 11 juillet, dans les villages de Senga et Katanga, 11 personnes ont été tuées et six autres blessées par armes blanches. Le 18 juillet, des présumés ADF ont enlevé 14 personnes dans la localité de Bandulu, sept otages ont pu échapper depuis. Trois jours auparavant, 15 personnes avaient été enlevées dans le secteur des Bapere. A la suite de ces violences armées, plus de 150 000 personnes ont fui vers la zone de santé de Musienene et la ville de Butembo. Dans le sud du territoire, une accalmie relative est observée depuis plusieurs semaines, même si les risques de nouvelles violences entre acteurs armés demeurent", explique le rapport consulté lundi 18 août 2025.

Territoire de Beni

Au moins sept civils ont été tués lors d’une attaque menée par des présumés ADF dans la nuit du 11 au 12 juillet dans le village de Kinyamuseghe, dans le territoire de Beni. Plus de 20 personnes ont été tuées la même semaine lors des attaques dans les localités frontalières avec la province de l’Ituri. 

"Ces incidents ont occasionné le déplacement de plus de 55 000 personnes (8 389 ménages) vers l’axe Oicha – Eringeti, dans la zone de santé d’Oicha et vers la commune rurale de Mangina.Le 11 juillet, des affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC) et des groupes armés locaux dans le village de Butuhe, chefferie de Bashu, ont contraint les habitants à rester confinés dans leurs maisons pendant 24 heures. Par ailleurs, le 12 juin, un civil a été tué par l’explosion d'un reste explosif de guerre à Bulongo, zone de santé de Mutwanga", souligne OCHA.

Territoire de Walikale

En date du 20 juillet, OCHA RDC révèle que de nouvelles attaques armées ont éclaté à Mpeti et Minjenje dans le groupement Kisimba, rompant l’accalmie observée dans la zone au début du mois de juillet. Des sources locales ont rapporté de nouveaux déplacements dont l’ampleur reste à évaluer. Bien que la situation soit revenue au calme dès le lendemain, le risque de nouvelles violences reste assez élevé, notamment dans les zones de santé de Kibua et Pinga. Par ailleurs, des incidents de protection attribués à des éléments armés dans plusieurs localités de la zone de santé de Kibua continuent de menacer la sécurité des populations civiles.

Territoire de Nyiragongo et ville de Goma

Selon le rapport de OCHA RDC, la situation dans la ville de Goma est restée globalement calme, mais la criminalité urbaine persiste. Dans la nuit du 21 juillet, des éléments armés ont mené une attaque dans le quartier de Mugunga et en périphérie nord de Goma. Bien qu’aucun bilan humain n’ait été communiqué, la situation a créé une panique au sein de la population. Selon toujours le même document, quelques ménages du quartier Mugunga ont dû se déplacer préventivement vers les zones environnantes jugées plus sûres avant de regagner leur résidence après la cessation de l’attaque.

Malgré la signature de l'accord de Washington DC entre Kinshasa et Kigali sous la médiation des États-Unis d'Amérique, la déclaration de principes signée entre les délégués du gouvernement et ceux de l'AFC/M23 sous la médiation du Qatar, la situation sécuritaire et humanitaire sur terrain continue de se détériorer davantage. Les deux parties s'accusent mutuellement d'être à la base des violations répétées du cessez-le-feu tel que convenu dans la déclaration de principes signée à Doha au Qatar.

Depuis lors, des voix ne cessent de se lever pour appeler les différentes parties à respecter leurs engagements et à observer le cessez-le-feu pour ne pas compromettre les efforts de médiation en cours. Ces appels ont été lancés par le Haut Commissaire des Nations-Unies aux Droits de l'Homme et par le Conseiller Afrique du Département d'État américain.

Clément MUAMBA