Les travaux du 45eme sommet ordinaire des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) se sont clos dimanche 17 août 2025 à Antananarivo, au Madagascar. Ces assises ont abordé des crises au niveau de la région notamment la question relative à la détérioration continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC.
Le sommet salue les efforts conjoints menés par la SADC et l'EAC et insiste sur la complémentarité et l'harmonisation avec d'autres initiatives de paix en cours à savoir l'accord de Washington et la déclaration de principes de Doha sous la médiation du Qatar.
"Le Sommet a réaffirmé son engagement indéfectible en faveur de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l'est de la République démocratique du Congo, et a salué les efforts conjoints de médiation entrepris par la Commission de l'Union africaine (CUA), la SADC et la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE), ainsi que le processus intégrant les processus de paix de Luanda et de Nairobi, tout en reconnaissant le besoin urgent de complémentarité et d'harmonisation entre les processus menés par l'Afrique et d'autres initiatives, notamment l'Accord de Washington 2025 et la Déclaration de principes de Doha 2025", dit le communiqué final.
Bien avant le 45e sommet de la SADC, le sommet extraordinaire virtuel de la SADC et l'EAC tenu sous la direction de William Ruto, président du Kenya et président en exercice de l'EAC et Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe et président en exercice de la SADC, une série de mesures ont été prises en vue de se conformer à la dynamique de paix enclenchée à la suite des initiatives diplomatiques au niveau international. Il s'agissait notamment de la fusion immédiate des structures de l’EAC, de la SADC et de l’Union africaine, incluant le médiateur de l’UA et le panel de facilitateurs EAC‑SADC, qui devront tous rendre compte au sommet conjoint ainsi qu’à l’Union africaine ; Fusion immédiate des secrétariats techniques de la CUA, de l’EAC et de la SADC en un secrétariat conjoint, dirigé par la CUA à Addis‑Abeba, destiné à rendre opérationnelle la nouvelle structure conjointe.
Ces différentes rencontres au niveau régional interviennent après deux grandes initiatives diplomatiques majeures au niveau international. D'abord, la signature de l'accord de paix entre Kinshasa et Kigali sous la médiation des États-Unis d'Amérique et la signature de la déclaration de principes entre les délégués du gouvernement congolais et ceux de la rébellion de l'AFC/M23 à Doha sous la médiation du Qatar. Ces deux accords sont considérés comme des premiers pas dans la recherche de la solution à la crise sécuritaire dans la région des Grands Lacs et particulièrement dans l'Est de la RDC.
Toutefois, sur terrain, la réalité est toute autre. Un responsable qatari impliqué dans le processus de paix a affirmé sur ACTUALITE.CD « des efforts significatifs ont été déployés pour faciliter le processus de paix entre le gouvernement de la RDC et le M23, y compris la préparation et le partage d’un projet d’accord de paix avec les deux parties dans le cadre du processus de Doha ».
Après l'accord de Washington sous la médiation des États-Unis d'Amérique, le Qatar « accueille actuellement une importante session de négociations à Doha, visant à suivre la mise en œuvre de la Déclaration et à finaliser un accord de paix ». Doha affirme rester « en contact permanent avec ses partenaires de confiance, en particulier l’Union africaine et les États-Unis ».
Les discussions directes prévues le 8 août à Doha n’ont pas eu lieu, aucune des deux délégations ne s’étant déplacée. L’un des points en débat concerne l’établissement, avec la participation de la Croix-Rouge internationale, d’un mécanisme d’échange de prisonniers, un processus plus long que prévu mais jugé en cours.
La Déclaration de principes signée à Doha prévoit que les mesures de confiance, dont la libération de prisonniers des deux côtés, soient mises en œuvre au plus tard le 29 juillet, avant l’ouverture des pourparlers le 8 août et la signature d’un accord global le 17 août. Le gouvernement congolais avait confirmé son engagement à ces libérations mais aucun geste n’a été effectué. Le M23 a conditionné sa participation à la libération de 700 de ses membres, menaçant de ne pas se rendre à Doha en l’absence de ce geste.
Face à l'impasse et aux accusations mutuelles des violations de cessez-le-feu sur terrain, des voix ne cessent de se lever pour appeler les différentes parties prenantes à honorer leurs engagements en vue d'accompagner les efforts de médiation en cours et le rétablissement de la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo.
Clément MUAMBA